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17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 08:58
Hommage à Jane, par Daniel Capdet - Rodrigue n'a pas de coeur !

Hommage à Jane

 

Lundi 17 juillet 2023 - Chroniques impubliées –

 

Daniel Capdet

 

Mi-juillet, il fait chaud... Repos

 

 

 

Waouh ! Plein de choses alors que je souhaitais une pause estivale.

1975, à Paris pour la première fois tout seul, autonome et indépendant, j'ai 17 ans et des poussières (Je viens de tomber du nid)... Loin d'être "dégrossi", on va même dire complètement embourbé dans un truc entre ado en retard et adulte pas fini... Je vivais en sauvage entre les renards et les isards, entre Artouste et Gabas, entre les fantasmes et les espoirs (Internet n'existait pas mais les hormones... Si  !) C'était l'époque où même une jolie chèvre me ramollissait le bulbe, heureusement et je leur en sais gré, aucune n'a cédé...

 

Donc... Paris. Juin 1975, jupes courtes ! Je me souviens que j'avais une valisette en plastique pliable dans laquelle je devais avoir mis un slip de rechange pour la semaine que j'avais à passer dans cette ville, peut-être un tee shirt (on disait un maillot), pas de brosse à dents c'est sûr. Pas de shampooing non plus, c'est sûr aussi, ma tignasse de longs cheveux, morts et secs dès leur moitié ne m'en voulait pas. Je ne me rasais pas encore tous les jours et ce séjour parisien était un séjour sans ! Configuration baroudeur quoi ! En fait j'étais parti explorer la capitale...

 

Les témoins de l'époque me voyant auraient dit "Tiens, un plouc des Pyrénées !". Et nous avions tous raison ! 

 

Je venais y passer un oral d'un concours à la con pour "élite de demain" car on m'avait expliqué que j'étais cette élite ! A moi tout seul bien sûr (L'éducation nationale à ce niveau est hyper efficace). Et que la nation avait besoin de moi ! Et qu'elle était fière de moi ! Et que je ne devais pas la décevoir...  Je le croyais (17 ans mais non dépoussiéré !)

Je vais d'abord vous raconter mon oral (c'était en sciences, maths, physique et chimie) car j'avais été admis à un écrit d'un concours qui devait avoir un nom du type ENSXX (École Nationale Supérieure des Xénarques Xénophobes... ou un truc du style...)

Oral de Maths : "Bonjour Mr Capdet ! Vous êtes en prépa à Pau... Ah, ! Belle ville Pau avec des personnes célèbres !" 

Moi : "Ben oui, Henry IV"

Lui : "Oui, ça tout le monde le sait mais il y a aussi, et surtout... ???"

Moi : "???"

Lui : "Mais oui, tout le monde sait ça ! N'est-ce pas ?" (regard au jury qui acquiesce mais je sais maintenant que c'est par fayotage ! Ils ne savaient pas plus que moi, sauf peut-être un asperger anonyme.)

Moi : "Oui... Bien sûr... Daniel Balavoine !" (Et c'était vrai, il commençait à percer très sérieusement, il était de Pau... Je ne pouvais pas le voir en peinture ni en disque ! Mais là j'étais en configuration urgence.)

Lui : "Ouais... !!! ... !!! ..."

Silence lourd.

Lui : "Bon... Étudiiez moi cette équation !"

Et là !!!!... Et là !!!!...

 

Une équation inhumaine était écrite au tableau. Un truc antédiluvien avec même des signes que je ne connaissais pas. (Et j'en connaissais beaucoup des signes ésotériques et mathématiques en prépa scientifique. Mais j'ai appris plus tard que c'était un pré-test de déstabilisation !). Alors moi déjà post-déstabilisé par mon Henry IV qui ne cochait pas dans les réponses correctes de la question préambule, je décide que là ce n'est pas pour moi ! Et dans ma tête il se passe un truc que je pourrais résumer comme une voix Jeannedarquesque : "C'est des cons !". Je regarde le Balavoinophobe et je lui réponds "Je sais pas ! ".

 

Mais je répondais pour l'équation ! Je ne savais pas. Et je lui disais que je ne savais pas la résoudre, rien qu'à la regarder dans les yeux ! Et ce con il comprend :"Je sais pas qui est l'autre personnage célèbre de Pau !".

Et alors donc, il rétorque ... Mais par les mystères de la psychologie c'est en réponse à l'équation mathématique que j'entends "Mais Bernadotte bien sûr ! Le maréchal Bernadotte !". Mais que n'y avais-je pas pensé plus tôt ? x = Bernadotte !

 

On entre à ce moment-là dans la huitième ou même neuvième dimension... Ce dont je me souviens ensuite c'est que j'étais dehors, au soleil sur les Champs Élysées avec ma valise en plastique. J'ai beau me torturer l'esprit, je ne sais pas si je suis sorti de cette salle d'examen, "britannique comme El Cordobès" où hué par une foule de jurés demandant mes oreilles et ma queue... Mon cerveau avait fait une remise à zéro (Pour l'anecdote, je n'ai pas été admis à l'ENSXX).

 

Mais voilà maintenant là où je voulais en venir avec vous depuis le début...

C'est que, puceau boutonneux de 17 ans avec quelques poils ensauvagés mais une tignasse morte en guise de heaume, en échec de l'élite intersidérale, perdu sur la plus belle avenue du monde avec une valisette en plastique dans les mains, je la vois arriver en face de moi. Il y a une grande foule mais je ne vois qu'elle. Et je sais (vous avez tous vécu de tels épisodes), je sais que cet instant-là, de ma vie, je ne l'oublierai jamais. 

C'est en la croisant, pas avant, que j'ai reconnu Jane Birkin. Je ne vais pas vous la décrire, ça reste entre elle et moi.

 

Mais ce soir, je veux dire merci à Jane qui vient de partir et que j'ai depuis ce jour-là de juin 1975 toujours associée aux belles courbes d'une équation impossible, au maréchal Bernadotte, à un slip dans une valise pliante... A la connerie élitaire. Et à la beauté du monde et de la vie !

Merci Jane.

Pioc.  

 

- - -- - -

 

            Pourquoi ne pas s'accorder cet été deux ou trois petites semaines de repos neuronal ?

 

Alors une petite poésie de vacance que je trouve charmante avec ses intonations indo-romano-catalano-moldaves. Et puis la traduction en français est de saison mais je vous laisse la chercher. Et la trouver. (J'ai peut-être mis les couplets dans le mauvais ordre mais à vous de bosser un peu).

Voilà donc si nous ne nous revoyons pas avant septembre, cette petite bluette rafraîchissante qui sent l'amour universel et la paix dans le monde. 

Prochaines bêtises bientôt, mais là il fait vraiment trop chaud pour réfléchir. (Sauf si la bêtise s'éclate, on n'est à l'abri de rien!)

Nuas intriruns dens le cerroiri, qaend nus eônis n'ï sirunt plas.
Nuas ï truaviruns liar puassoiri, it le treci di liars virtas.
Boin muons jeluax di liar sarvovri, qai di pertegir liar circaiol
Nuas earuns li sablomi urgaiol di lis vingir ua di lis saovri.

 

Eax ermis, cotuïins, furmiz vus beteolluns.
Merchuns, merchuns, qa'an seng ompar ebriavi nus solluns

 

Elluns infent di le petroi, li juar di gluori ist errovi.

Cuntri nuas di le tïrennoi l'itinderd senglent ist livi.
Intindiz-vuas dens lis cempegnis magor cis firucis suldets?
Ols voinnint jasqai dens vus bres igurgir vus fols, vus cumpegnis.

 

Eax ermis, cotuïins, furmiz vus beteolluns.
Merchuns, merchuns, qa'an seng ompar ebriavi nus solluns

 

Emuar secri di le Petroi, cundaos, suatoins nus bres vingiars.
Lobirti, lobirti chiroi, cumbets evic tis difinsiars.
Suas nus drepieax, qai le voctuori eccuari è tis mêlis eccints.
Qai tis innimos ixporents vuoint tun troumphi it nutri gluori.

 

Eax ermis, cotuïins, furmiz vus beteolluns.
Merchuns, merchuns, qa'an seng ompar ebriavi nus solluns

                                                   D. Capdet                                  

            Lundi prochain peut-être rien selon la température.

 

- - - - - - -

   -------ADIEUX

 

Adieu Jane : tu as eu du coeur.

 

Adieu Rodrigue : as-tu du coeur ? As-tu le coeur de nous, quitter, abandonner la Catalogne dans la sécheresse de juillet et avec la sécheresse du coeur du maire RN ? Mais, chut, un peu de répit, il vient de subir une sacrée opération du genou et de la hanche, l'Aliot !

 

Donc, le préfet pressé s'en va, rejoindre les cerveaux élyséens : il serait ministrable, le Rodrigue, ce prodige qui, ici, causa surtout manque d'eau. 

 

A la retenue de Vinça, de l'eau jusqu'à la route, une réserve : on la donnera au compte-goutte aux agriculteurs qui, pendant de temps, font des forages sauvages par-ci, par-là...

 

Et à Estramar, la belle eau coule vers l'eau trouble et salée de l'étang de Leucate... A la vôtre ! Ne pleurez pas, à présent, vous pouvez arroser vos arbres de 21 h à 6 h du mat !

 

Courir à Paris, pour boire...du petit lait ! Attention, l'énorme nappe phréatique qui niche sous la capitale est, paraît-il, en grosse diminution ... Vous finirez par revenir par ici, revoir la lune Catalogne et la belle Aude...

 

J.P.Bonnel

 

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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