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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 16:00

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  *  Dormir une nuit entière, imbriqués l'un dans l'autre. La géométrie des corps s'organise d'elle-même dans la cécité des draps. Il irait même jusqu'à coincer sa virilité sous tes fesses, non loin du chas noir et secret. Clos comme tes yeux, déjà partis pour un voyage indicible et personnel...

  Il voudrait...

  Il voudrait tout de ton corps près du sien. Dessus, dessous, partout, à emplir un territoire insoupçonné, à coloniser tout le lit. Corps hors-la-loi, qui va hors les draps.

 

  Elle, elle veut dormir, récupérer : la nuit n'est pas un monde hors-normes. Ce temps, lui aussi,  a ses règles : respecter le sommeil de l'autre !

 

  Au matin coloré de jaune et de bleu, il considère la mer proche, où les barques modestes ont déjà dressé leurs partitions et dessiné des envies de pèche et de vagues, de vent léger et de désirs d'horizon...

 

  Tu te lèves, tu lui dit bonjour en voyant qu'il a ouvert un oeil et tu ne sais pas que ses yeux, que ses désirs, éveillés toute la longue nuit, n'ont pas failli. 

 

  Ton réveil n'est pas facile, tu t'es ménagé un grand laps de temps et de récupération. Après ton café et ta cigarette, tu viens lui apporter une tasse brûlante, au lit, où il feint de se prélasser, mais où il navigue seul, sans repères, avec de multiples interrogations.

Elle est pleine de douceur et de gentillesse, elle ne sait rien de tes inquiétudes et de tes interminables nocturnes...

 

  Elle ne se lasse pas de son appartement sur la colline, où la mer est visible, entre deux arbres, entre deux maisons de maître.

 

   Il aime quand tu parles de ton amour pour la mer.  Tu t'enflammes toujours pour elle, sa beauté, ses variations infinies. Tu es sans cesse en extase -bien que tu habites dans ce quartier depuis des décennies- devant la surface soudain apaisée, ce disque bleu, où les vagues ont déserté...

 

  Tu qualifies l'eau de mille nuances, les noirs, les bleus : tu sais que, derrière ces teintes changeantes, se terrent des mondes de poissons, d'algues, de bateaux échoués : tu sembles connaître ces abysses, cet univers utérin qui lui fait peur, à lui, qui se dit poète, mais qui n'effleure que la peau des mots et ne se jette jamais dans l'épaisseur des choses, dans la profondeur de la réalité.

 

  Il se récite tes mots sur la mer, ton discours sur les bleus. Il s'étonne de tes étonnements !

 

   Il aime quand tu te lèves soudain, délaissant le repas, pour admirer un courant sur la mer causé par une brise invisible, inaudible... Il aimerait lui dessiner ces spectacles, ces émotions sur des pages bien blanches, bien propres, mais il ne sait y semer que des lignes, des formes intellectuelles. Il se rend compte alors que tu n'es pas son double. Pas son ange. Mais son contraire ! Et il s'en va, sur la plage désertée, à tenter de suivre la course de la mer...

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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