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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 17:50

ninaune.jpg "Le désir n'est pas isolé. Il est multiple et secret. Il est par les autres et pour les autres. Je me suis raccordée aux hommes, aux femmes, aux objets et aux images qui ont construit la personne que je suis", écrit Nina Bouraoui en guise de prologue à Nos baisers sont des adieux. Ce petit livre saturé de sensibilité est une galerie de portraits, traversant les années, de 1972 à 2009. L'auteur du prix Renaudot 2005 (Mes mauvaises pensées) les rapproche, les relie par le seul fait qu'ils ont tous été objets de désir, et d'un amour fou. Entre Paris et Alger, Berlin et Abou Dhabi, entre personnes, oeuvres et images, Bouraoui brise les codes de l'espace et du temps pour tisser doucement une toile fragile, "une géographie intime, la géographie des sentiments".

    D'une intimité émouvante, toute nue, elle se livre et s'abandonne, à l'écriture et à nous, lecteurs. Page après page, rencontre après rencontre, c'est sa vie qui nous est contée, dans ce qu'elle a de plus singulier. Et pourtant, elle semble universelle, cette existence, elle nous parle, au plus profond. C'est dans ce paradoxe que réside la magie murmurante des textes de Bouraoui, des textes indispensables, raisonnants, fondamentaux.   (     Nos baisers sont des adieux de Nina Bouraoui (J'ai Lu, 159 p., 6,70 euros).

**En Mars "Le Franc Théâtre " vous propose...le samedi 3 mars à 21h dans le cadre du festival de l'humour à Pia salle Jean Jaures, le Franc Théâtre joue "L'ours" et "La demande en mariage" de Tchekhov.

 

Le dimanche 4 mars à 18h dans la salle de cinéma Le Majestic du Boulou et samedi 17 mars à 21h à la cave aux contes de Tresserre, le Franc Théâtre  joue "Huis Clos" de Jean Paul Sartre.

   Enfin, dans le cadre des rencontres"Les Dimanches du Vauban", dimanche 25 mars à 18h, Le Franc Théâtre accueille au cinéma Le Vauban, Place castellane à Port Vendres, la compagnie "Et pourquoi pas nous ?", avec son spectacle "Et vous, ça va ?" epicerie_aspertinette_exterieur.png

***  L’Aspartinette – Paris

boite_sardines_real_conservera_espanola.png

L'Aspertinette – 72, rue Condorcet, 75009 Paris, Tel : 01 48 78 17 97. Quelque part dans le 9ème, vient de s'ouvrir un petit coin de Catalogne où vous trouverez un bel assortiment de vins nature, charcuteries et produits catalans qu'il fait bon de mettre à sa table basse d'apéritifs. Et si vous passez par là, à l'heure où justement les bouteilles s'ouvrent et les bellotas se tranchent, une jolie salle vous accueillera pour y goûter tout ce qui s'y vend. Bon profit !

   A une poignée de mètres de la très commerçante rue des Martyrs, se trouve une petite boutique au joli nom qui annonce la couleur : l'aspartinette, goûter ou collation en catalan, idéal justement pour profiter d'un petit creux pour s’y arrêter se remplir le panier gourmand et/ou la panse directement.

Quand vous passez la porte, vous tombez tout d'abord nez à nez avec une vitrine où se prélassent saucisses sèches, fouets, bellotas, tommes de brebis et les beurres Bordier. Sur votre droite, des casiers de bois clair présentent une assez conséquente collection de vins naturels et entre les bouteilles, les élégantes boîtes grises de la Real Conservera Española. Le mur continue avec huiles d'olives, figues sous toutes ses formes de Viv' Les Figues et autres pots de confiture Pro Sain... On s'y sent bien dans ce petit bout de Catalogne à Paris. En plus Béatrice vous expliquera tous ses produits et tous les gens qui les font. Il est temps de passer à la dégustation !

Produit 1 : La Boîte de sardines

  Cela commence par une conserve de la mer, cette fois-ci. Une boîte de Sardinillas en Aceite de Oliva de Real Conservera Española. Bon, n'en jetez plus, ce sont les meilleures sardines en boîtes que j'ai goûtées depuis une tripotée de conserves ! Toutes petites et toutes fines, sans arrête, avec une chair qui se tient sous la dent tout en se laissant fondre sur la langue. C'est bon comme une première sardine à l'huile, ça se rappelle avec délice quelques heures après dans un coin de la tête avec l'envie d'aller finir la boîte. Bref, c'est une conserve qui ne se gardera pas longtemps !

Côté prix, on frôle la ligne rouge de l'indécence. 19,50 € la boîte de 130g, ça fait quand même cher le plaisir à l'huile. A cause de ça, au jeu des notes, ça sera un B+ parce que même si c'est très bon, c'est franchement hors de prix.

Produit 2 : Le fouet

Spécialité catalane, cette fine saucisse sèche semblait m'appeler derrière sa vitrine. J'ai cédé à cette sirène pour l'apéritif du soir-même. C'est sec comme un jour d'été en Espagne, c'est parfumé comme un petit pimiento coloré, c'est tout à fait ce qu'il faut pour titiller les papilles avant le dîner. (Le fouet avec son petit prix, 2,81 € l'aller (un demi fouet, quoi) vaut son A et se déguste sans retenue.)

Produit 3 : Le conseil de l'épicière

Cette fois-ci, ça sera un vin. Nature, bien sûr. Avec un nom qui déjà me fait rire "Tout bu or not tout bu". Il parait qu'il se carafe, dommage, depuis que j'ai cassé la mienne, j'ai plus. Mais bon, je l'ouvre un peu avant, je le mets dans un verre, j'attends un peu et j'attaque.

Quand on aime les Médocs, les vins naturels, c'est toujours un peu étrange. Celui-là a tout ce qu'il faut pour ne pas trop perturber. Une jolie couleur rouge profond, bordeaux, presque violet, un petit air de cuivre au nez, du fruit rouge juste assez. Ça a même mérité un second verre. Tout bu or not tout bu, definitely, I drink ! (10€ la bouteille)

Moyenne de l'épicerie L'Aspartinette à Paris : B - Très chouette petite adresse du 9ème qui vaut le détour si vous voulez un bon conseil en vins naturels et respirer un petit air de Perpignan. La salle de dégustation au fond fait aussi envie. On y retournera pour un autre apéritif et découvrir d'autres produits catalans. Bref, longue vie à la toute jeune Aspartinette dans ce quartier qui aime les jolies boutiques et les bons produits.

L'Aspertinette – 72, rue Condorcet, 75009 Paris, Tel : 01 48 78 17 97 - Page Facebook en attendant le site internet

 

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 19:40

France – EDF – Traversée des Pyrénées  au Perthus. La ligne THT sera enterrée 

ligne-THT.jpg

Ce que l'on ne verra pas au Perthus

Le projet provoqué de nombreuses manifestations, comme ici à Céret en 2004

 

 

 

C'est hier que le décret est paru au JO, lançant la déclaration d'utilité publique de la ligne à très haute tension entre la France et l'Espagne. La fin paisible d'un dossier qui avait suscité… de très hautes tensions !

La tension est descendue d'un cran. Même s'il reste encore de petites étincelles autour d'un dossier qui a mis le feu à la Catalogne pendant presque une décennie.

Car au tout début de ce siècle, l'État français et EDF, forts de la bonne santé des centrales nucléaires hexagonales, voulaient vendre cette électricité à l'Espagne. De l'autre côté des Pyrénées, il n'y avait pas encore des milliers d'éoliennes et de panneaux solaires.

« Mais en 2001, il s'agissait de poser des pylônes qui auraient défiguré notre région », rappelle Jean-Claude Péralba, maire de Villemolaque et président du Sydeco, un syndicat regroupant plus d'une centaine de communes des Pyrénées-Orientales.

Un combat qui a duré 7 ans, jusqu'à ce que Jean-Louis Borloo, en 2008, finisse par annoncer que la ligne passerait bien par la Catalogne, mais enterrée. Elle profitera des infrastructures existantes (autoroute, TGV) pour minimiser son impact sur l'environnement.

« Les dés sont jetés depuis 2008, admet Jean-Claude Péralba, et si tout n'est pas réglé, l'impact visuel sera tout de même bien moindre. Mais malgré tout, nous restons sur notre position de principe, pas convaincus de l'utilité de ce projet et nous avons toujours pris des délibérations défavorables. »

« Malgré tout, avec le percement d'un tunnel à la hauteur du Perthus, le massif va subir des perturbations sur la nappe aquifère très importante, avertir Alexandre Pugnau, opposant à la THT et maire de Les Cluses, petite commune entre le Boulou et Le Perthus. A l'heure du Grenelle de l'environnement, on aurait pu y penser. »

Et par ailleurs, aussi bien Jean-Claude Péralba qu'Alexandre Pugnau rappellent que le percement du tunnel de la ligne à grande vitesse a été très pénalisant pour la ville du Perthus. « Et là, même s'il s'agit d'un tunnel plus petit, les habitants vont être pénalisés. »

De son côté le ministre de l'Industrie Éric Besson insiste sur le fait que la capacité des échanges passera de 800 à 2800 MW, « qui va fortement contribuer à la sécurité des réseaux et à l'approvisionnement des deux pays, en particulier en cas d'événement climatique majeur ». En tout cas, en Catalogne, la tempête s'est éloignée.

Prioritaire

Ce projet a été classé projet prioritaire de l'Union européenne. Il a bénéficié à ce titre d'un financement à hauteur de 225 millions d'euros dans le cadre du Plan de relance européen, pour un coût total estimé de l'ordre de 700 millions d'euros. Éric Besson rencontrera son homologue espagnol à Madrid le 23 mai prochain. Il tracera avec lui la feuille de route pour les prochaines étapes du chantier et pour le développement de l'interconnexion entre les deux pays, qui doit être porté à 4000 MW en 2020 conformément au plan européen à dix ans.

Source La Dépêche du Midi-Le Pèlerin moi-et-rose.jpg

 

** Une école du sexe en Autriche

Les galipettes sous la couette sont un art que les partenaires doivent maîtriser pour atteindre le 7e ciel.

Pour aider ceux et celles qui ne sont pas des experts, une école du sexe, The Austrian International School of Sex, ouvrira ses portes en Autriche dès le début 2012.

Les élèves pourront suivre des cours pimentés dans cette première école du sexe au monde et ainsi améliorer la qualité de leur relation sexuelle. La formation devrait être axée sur la pratique!

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 15:17

rey.jpeg      Je viens de relire le roman de H.François Rey. Cette première oeuvre, publiée en 1958, m'avait enchantée, alors que j'étais ado : le cadre est constitué par Collioure et Barcelone, ce qui explique cela. Et l'histoire d'amour entre un Christine et un Russe, volontaire des Brigades internationales pendant la guerre d'Espagne, est émouvante; ce qui explique ceci. Puis, troisième argument, troisième plaisir, quand on dévore ce roman de 200 pages en deux heures, c'est l'écriture, claire, somptueuse, comme on n'en fait guère plus...

 

     H.F.Rey eut, par la suite, un succès mérité avec Les pianos mécaniques, prix Interallié, en 1962. L'auteur, né à Toulouse en 1920, s'était installé sur la Costa Brava et, depuis le blanc promontoire de Cadaquès, il écrivit La Comédie, Le Rachdingue et un livre d'amitié avec Dali, qui l'invitait à Port-Lligat.

    Le livre débute à Perpignan, où se retrouvaient les engagés dans les B.I. (*) Avant de partir pour la Catalogne, Georgenko va faire les vendanges à Argelès : "Le village puait le vin et avait un aire  de fête permanente... Le soir, dans la grande cour de la métairie, les garçons et les filles dansaient la sardane, célébrant, dans la ronde grave et silencieuse, le vrai culte de la solitude en commun..." (p.35-36).  Ensuite, il découvre Collioure : "Il aperçut une ville rose et reconnut C...". C'est dans le petit port -dans un lieu typique qui ressemble au café des Templiers- qu'il rencontre Nathalie, journaliste : "Ils passèrent dans un restaurant, une salle longue aux poutres apparentes, décorée de filets de pêche et de tableaux répétant à l'infini l'architecture de Collioure.."

     L'amour naît alors et de belles pages sensuelles suivront. Michel G. doit partir à la guerre, d'abord se rendre à Barcelone, puis aller vers le front, jusqu'à Albacete, mais, vite, sa noble intention de se battre pour une Espagne libre laisse place au désir de revoir Nathalie, à la volonté de "fonder un érotisme" en pensant au danger, à la mort, à la vieillesse( pages 151/154)

   Il bénificiera d'une permission pour retrouver son amante à Barcelone, mais le machiavélisme des Franquistes (les Anarchistes sont, eux aussi, décrits comme des fous inhumains, suspectant les volontaires des BI d'être communistes, qu'il s'agit d'éliminer !) et le "viva la muerte" aura raison de l'amour...

     La morale du livre est pessimiste : les moments de solidarité entre soldats "républicains" ont été rares et c'est une femme qui a le dernier mot : "C'est lâche, les hommes. Une race de merde, une race pourrie, il ne faut rien en espérer, rien..."

 

(*) édition du livre de poche 1958, R.Laffont, page 9)

 

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 15:46

_MG_9502.CR2.jpg  Regard vers le passé. Texte écrit il y a dix ans : il me semble encore actuel dans la crise actuelle :

 

  Pour oublier les tendances décadentes du pouvoir (affairisme, fin des idéologies, quête de l'argent ou des honneurs, célébration du marché et de l'individualisme, perte du sens civique, abstention massive lors des élections, vengeance du prolétariat qui se tourne vers l'extrémisme trouble, morosité ambiante, doutes et malaise...),la société du spectacle s'oriente vers des mondes nouveaux, des images de rêve susceptibles de redonner courage et dynamisme à une société bloquée, à une démocratie molle : glorification de l'effort grâce au sport (J.O. d'Alberville, relayés bientôt par ceux d'été), au dépassement de soi (sports, aventures style d'Ushuïa...). 

   Cette société regarde en arrière et instaure des cérémonies nostalgiques : cinquième centenaire de la découverte de l'Amérique, après les fastes du bicentenaire de la Révolution française : fêter la République, chercher des forces, une inspiration dans les valeurs et hauts)-faits de l'Histoire...

 

   Ce "regard rétroactif" veut-il signifier que "la marche en avant" est désormais achevée, impossible, désormais. S'agit-il, comme le prétend Kukosawa, de la "fin de l'Histoire" ? Avec la chute de l'idéal communiste, le monde androgyne, revenu de ses déchirements, de son affrontement bi-polaire est-ouest, aurait-il retrouvé son unicité perdue ? De cette situation est née la victoire du marché, horizon indépassable de la démocratie libérale...

 

   * Oeuvre moderne, celle qui sait naître de l'oubli.

 

   * De Platon à Plotin. D'Alcan à Lacan. De Freud à Freund. De Marx au mark. De l'heure heureuse à l'euro...

 

   * Les mots. Ils ne sont que les traces de démangeaisons causées par les araignées de la main...

 

   * N'avoir de considération que pour les derniers mots ! Ceux-ci, seuls, sont dignes d'impression !

 

 

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 17:10

_MG_9384.CR2.jpg  * Malgré toute sa force brutale, bestiale, fractale, le vent ne peut rien contre les ventouses du jecko, lézard des préhistoires exposant son silence d'orgueil au soleil de minuit. 

 

   *  Eté : atteindre le gouffre plein du savoir, cette mer de vase dévoreuse, mère mouvante. Aller jusqu'au désert compact, la mériter pour obtenir la récompense d'un enfant, la pureté d'un mirage, la gourmandise de l'indicible plaisir du rien, du non-savoir des origines. (Collioure, 12.7.1992)

 

   * Mire la mer (avant de l'écrire ?). Se caler entre les galets qui font le dos rond. Etre mouillé par le vent salin qui vient humecter la plage. Ses jambes implorent une impossible marée.

 

  *  J'étais au sommet comme un corail profond. Je voyais le bout des terres, la pointe rouge de la mer depuis mon nid préhistorique. Je dévorais la montagne des calanques, vertes de thym et de lumière d'incendie. Soleil dans les yeux, soufre au fond du nez.

    Les feux étaient pourtant morts d'angoisse à l'idée de lécher la conque de la mer, de peigner la douce ennemie, de brûler de plaisir les bateaux...

  Victoire, tu prêtais le soleil comme un premier matin sur une terrasse d'ifs, insérée dans une baise grise endormie, inhumaine...

   Ile hypothétique d'un nouveau monde. Je restais là, prostré dans la chaleur du Bengale, prisonnier des mâchoires du spectacle solaire... Hébété jusqu'au soir, jusqu'au cercle ocre de la mort inscrite dans les pins dégénérés de Cassis.

   Redescendre vers l'embrun, vers la pluie des rivages, avec des espoirs de plein midi réitérés. Ecouter ton chant, montagne, suivre ta loi inflexible, Nausicaa, à la triple roche élevée. 

   Demain, je planterai la tente à la crête du chemin de ronde. Pour une randonnée farouche sur l'immobilité du temps...

 

  * La langue de brouillard marin enveloppe de façon si rationnelle le faubourg du petit village et le théâtre de la mer que l'on ne voit plus les acteurs angéliques jouer la pièce tragique de Federico Garcia Lorca...

 

  * Mots de l'aventure. L'Argentière, Saint-Clément, Embrun, juin 92 : l'épopée du Raft. Longue descente de la Durance. Patience, esquive et endurance...

       Ne restaient plus que quelques méandres, quelques écueils, quelques trous sombres. Les corps marins, les pieds lourds et les peaux bleues de frisson et de froid, sous les falaises de Châteauroux, sous les montagnes de l'Embrunais... Nous ne rêvions plus, à l'arrivée, corps trempés, yeux mouillés, aux embruns du danger, amis à un alcool bien chambré, aux quatre coins d'une cheminée... (photo : Nadine de Brabandère)

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 20:13

images-1.jpeg  Décevant, j'attendais plus de danse, plus de claquettes, plus de brio ! Un début rythmé, puis un long tunnel de dépression, avant une fin convenue. Mais le chien est parfait ! Comme il joue bien, Milou !

 

   Les Américains adorent "The artist" parce qu'ils peuvent comprendre le titre et lire sur les lèvres des acteurs (ils prononcent en anglais), parce que c'est leur histoire (le krach de 1929), leur mythologie (ciné muet, Fred Astaire...) ! Nous, avec Dujardin, on pense à Maurice Chevalier et... à la Collaboration...

 

  Et la séduction de ce beau couple ! Quand on sort du ciné, on se trouve laid, on revient dans le monde prosaïque, avec ces couples tristes, avec ces jeunes décervelés se gavant de pop-corns et laissant une salle jonchée de papiers, de programmes...

 

   On se demande pourquoi l'artiste n'avoue pas son amour tout de suite à la jeune admiratrice; par orgueil ? Non, c'est un homme qui ne s'exprime pas : sa femme lui reproche de ne pas parler; il ne dit pas ses sentiments; il 'a donc plus de succès quand l'ère du ciné parlant arrive. Il faudra tout l'amour de Bérénice pour que Dujardin parle enfin ! 

 

    Voici une seconde carrière pour lui, avec le parlant ! Salut, l'artiste !

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 19:24

_MG_9268.CR2.jpg  * Jetant un regard en arrière, nous mesurons le chemin parcouru et sommes troublés plus que tout par les nombreux miroirs que nous avons rencontrés." Léo Spitzer (L'art de la transition chez La Fontaine)

 

   * Penser, c'est facile quand tu as du recul, loin de tout ce monde pris dans le travail, les déplacements, les courses, la préoccupation de l'argent, des vacances, des repas...

 

   * Ecrire tour à tour dans toutes les pièces de la maison, sous l'injonction mobile du soleil qui me fait écrire au fil du temps dominateur.

 

   * La "trope" joue un "tour" au lecteur. Et l'écrivain s'amuse avec les outils du style !

 

   * Je relis la Prose du Transsibérien, ce spectacle forain. Prose poétique. J'assiste à un rapprochement saisissant entre ce début de siècle 1905 et la chute d'un monde, à l'Orient : interrogations, déplacement imaginaire vers les espaces de l'Est, avec le retour de la Russie et des Républiques indépendantes de l'ex-URSS...

 

   * Je ne voudrais pas m'ennuyer, condition selon Roger-Martin du Gard, pour devenir un bon écrivain...(Lettres, page 39, je n'ai pas noté l'édition).

 

   * Cioran : "Qu'est-ce qu'un artiste ? Un homme qui sait tout, sans s'en rendre compter. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s'en rend compte." (Le crépuscule des pensées).

 

   * Pourquoi j'écris ? Je répondrai comme Blaise Cendrars : "Parce que..."

 

   * Littérature : j'aime cette formule d'Alain Corbin : "La rumeur des viscères."

 

   * La modernité a privilégié la recherche formelle. Les contemporains veulent la lisibilité immédiate, le dialogue des réseaux sociaux, les contacts rapides avec "Facebook", la parole spontanée, la publication instantanée d'une photo, d'un poème, d'un sentiment... Que restera-t-il de cette masse d'écrits et d'oeuvres éphémères..?

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 19:12

 

   * L'éblouissement à Collioure avec elle. La balade, mille fois expérimentée, est nouveauté, beauté, redécouverte des rues, de l'église, des façades, du château, des plages... Les lieux sont neufs avec les yeux de l'amour. 

 

    Ils parcourent un village désertée, au coeur de l'hiver; un pêcheur italien qui traque, au crépuscule, les poulpes malins dans leurs fosses noires et rocheuses. "C'est un animal aphrodisiaque ! ", rit-il. Derrière l'église, dans l'ombre et le vent froid, une femme de Lituanie venue ici jouer de l'accordéon pour quelques euros; elle parle assez bien le français.  : "Pourquoi ne vous mettez-vous pas au soleil; on se gèle ici, près de la Moulade ! 

- Parce que, à cet endroit, ça marche, les gens donnent ! Mais au soleil : rien !"

 

   Il la guide à travers le petit port. Elle prend des centaines de photos; elle s'approprie Collioure en remplissant sa machine d'images. Il faut courir jusqu'au phare pour capter, prendre, cadrer les deux voiles latines : deux barques catalanes face à la mer, dans le soleil. Chacune est seule dans la rade, mais dès la pleine mer, elles se suivent, se rapprochent, dansent comme un ballet nuptial. Les voiles font l'amour. Deux voiles pour deux amants qui, s'ignorant quelques jours auparavant, se réunissent ici et trouvent, se retrouvent presque comme ils auraient dû le faire il y a une éternité...

 

   Entre deux photos, ils se prennent la main. Entre dix et vingt prises de vue, ils s'embrassent. A pleine bouche comme en pleine mer. Ils y sont quasiment, ils la cernent, la dominent depuis l'étroit chemin qui mène au phare. Ils sont si près des felouques qui se caressent du bout des voilures ! Ils voudraient voguer là-bas, sur la mer calme, d'un bleu à peine veiné par un rayon de soleil. Faire l'amour sur l'eau, sur l'horizon, sur une ligne imaginaire, loin des limites du port... Se serrer fort à cette hauteur de poésie pour montrer que le lieu importe peu, même s'il donne des ailes au sentiment...

 

   Ils resteront là un long moment à regarder, à prendre la mer, à la prendre en images. Lui, c'est cette belle femme rousse qu'il voudrait prendre, dans la solitude et la beauté de la plage. Il pourra l'inviter à monter dans la colline des oliviers, par les acrobates escaliers de schistes, jusqu'au moulin. Inutile de capter le bonheur dans la mémoire numérique. Il est là, tout près, au plus profond...

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 11:58

rousseau.jpeg   2012, année Rousseau, on fête les trois cents ans de sa naissance : alors, je relis Rousseau, la part poétique surtout : les Rêveries du promeneur solitaire. Ces commémorations littéraires voulues par l'Etat ne sont pas tout à fait absurdes : elles permettent de se replonger dans l'oeuvre d'un classique. Rousseau, auteur capital dans de nombreux domaines. Ecrivain prolétaire, menant une vie de bohème, d'exilé, de sans-papier et inspirateur des révolutionnaires !

 

Rêveries d'un promeneur solitaire. Rêverie, synonyme de délire ou de vagabondage, ce n'est ni le songe, fiction, chimère ou vision pendant le sommeil, ni le rêve, méditation, pensée profonde.

    La rêverie dans la nature est l'activité heureuse de l'imagination et du souvenir.  Elle permet à Rousseau d'oublier ses malheurs, le harcèlement des autres, les méchancetés de la société; elle lui procure ce "ravissement inexprimable qui consiste à se fondre dans le système des êtres et à s'identifier avec la nature entière." "J'aime mieux fuir les hommes que les haïr."

 

Dans le lac de Bienne, à l'île Saint-Pierre, près de Neuchâtel, au nord de Lausanne, Jean-Jacques retrouve la joie intérieure de jadis : chaque détail vise à recréer en lui une atmosphère capable d'émouvoir sa sensibilité physique. Il se voue à l'oisiveté, il est conscient de sa passivité; il ne veut que se sentir vivre. Pour exprimer ses plaisirs sensuels intimes et, de ce fait, difficilement communicables, Rousseau va utiliser la plus belle des proses, une écriture lyrique aux modulations harmonieuses; travail sur le rythme, enchanteur, susceptible de traduire le mouvement de la marche, de l'eau, des nuages, de l'avancée des sensations, de la montée d'un orgasme plus affectif que sexuel... La prose s'adapte aux mouvements de l'âme, aux ondulations de la rêverie. Dans cette ode à la Nature, l'être se purifie et se contemple dans son essence.

 

      Il retrouve une solitude voulue, à présent : "J'aime à me circonscrire (à vivre retiré). Quoique je sois peut-être le seul homme à qui sa destinée en a fait une loi, je puis croire être le seul qui ait un goût si naturel."

 

Dans ce retirement, à pied, herborisant ou couché dans sa barque et dérivant au gré de l'eau sur le lac de Bienne, l'oeuvre est un monologue; l'auteur est seul face au monde naturel dans cette autobiographie, sincère, cette fois-ci : on est loin des Confessions... Il se retrouve dans le lieu et la solitude : "Mes heures de solitude et de méditation sont les seules où je sois pleinement moi et à moi." Le livre s'ouvre sur cette phrase : "Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même..."Face au mépris et aux mesquineries des hommes, Rousseau découvre que le bonheur est en chaque homme : "la source du vrai bonheur est en nous..."; il veut fixer ces instants; ensuite, la lecture fera revivre cette jouissance (première promenade).

 

      En outre, solitude et plaisir des sens, rêverie et contemplation de la beauté environnante lui rendent conscience de son être : "Ces heures de solitude et de méditation sont les seules de la journée où je sois pleinement moi et à moi sans diversion, sans obstacle et où je puisse véritablement dire être ce que la nature a voulu." (deuxième promenade).

 

Le rôle de l'écriture est de retranscrire ces promenades, ces enchantements, ces extases, mais ce bonheur peut aussi conduire à l'inactivité et à ne plus écrire (cinquième promenade). Alors, la rêverie et la balade, menant à l'ataraxie, aux portes du paradis, s'approchent aussi de la création divine; loin des hommes, en exil, dans l'asile suisse, Rousseau ressent son autonomie, son être profond : "De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d'extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence, tant que cet état dure on se suffit à soi-même comme Dieu."  H.Rousseau.jpeg L'éden, selon Henri Rousseau (dit "Le Douanier Rousseau")

 

 

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 10:55

Le Dalí de la collection Sabater

dali_paysage-de-l-emporda.jpg Vivante ! Tel est le mot qui qualifie le mieux l'exposition tout juste commencée à l'espace Dalí haut perché sur la butte Montmartre.

Après avoir été présentée durant deux ans au musée de Cadaquès, elle s'installe jusqu'au mois de mai dans le seul musée de France entièrement dédié à l'artiste surréaliste catalan.
L'on y découvre, autour des sculptures appartenant à l'espace Dalí, une centaine d'œuvres dédicacées par Salvador Dalí à son secrétaire particulier et ami Enrique Sabater - qui en possède quelque trois cents.

Pour l'histoire, les deux hommes font connaissance en 1968, alors que Sabater est un jeune journaliste venu l'interviewer à son atelier de Port Lligat en Catalogne. La conversation s'installe et Dalí lui dit de revenir le sur-lendemain pour poursuivre les échanges. Et ainsi de suite de jour en jour, si bien qu'une amitié se construit progressivement. Au bout de quelques années, Sabater devient non seulement le comptable, le conseiller, le chauffeur, le garde du corps et l'attaché de presse de Dalí, mais aussi le complice de la vie quotidienne du couple qu'il forme avec Gala. Ce lien durera jusqu'en 1981, soit plus de douze ans.

L'exposition témoigne pleinement de cette confiance. Y sont présentés pêle-mêle, dans une ambiance un peu foutraque absolument délicieuse, photos, livres, dessins, huiles, aquarelles, maquettes et gravures tous dédicacés de la main du maître à son ami.
A travers ces œuvres, c'est tout un univers qui s'ouvre au visiteur : celui d'un artiste brillant, profondément enraciné dans la culture littéraire classique et en même temps révolutionnaire, mais aussi d'un homme d'amour (quelle tendresse se lit sur les photos le montrant avec Gala !) et d'amitié, qui octroyait avec générosité les dédicaces aux personnes qu'il aimait - les œuvres exposées en sont la preuve matérielle.

dali_quin-elisabet.jpg  L'image publique du mégalomane se pavanant tel un paon faisant la roue est remise à sa juste place derrière le témoignage d'Enrique Sabater qui révèle combien cette attitude était calculée : "Dalí et Gala étaient des gens simples. Leur vie à Port Lligat, c'était la routine : Dalí peignait durant de longues heures et Gala lui lisait ses textes préférés pour le relaxer. Dalí me demandait toujours de lui rappeler la visite d'un journaliste cinq minutes avant, pour qu'il mette son "costume d'interview". Dès qu'il était en présence d'un inconnu, son ton changeait, il se métamorphosait pour interpréter son rôle".

Il faut prendre le temps de déambuler au milieu des œuvres pour ressentir l'extraordinaire vitalité qui s'en dégage : liberté absolue, inventivité débridée, mais avec toujours un fini soigné, des couleurs qui font mouche, des lignes virtuoses - ses splendides dessins à l'encre de chine évoquent une calligraphie traditionnelle qui aurait pris ses aises...
On en ressort tout régénéré, avec l'avis que le charme du surréalisme a aujourd'hui encore de beaux jours devant lui, tant l'on a besoin de sa fantaisie et de sa légéreté, qui chez le Catalan s'épanouissent avec une grâce particulière.

Signé Dalí - La collection Sabater
Espace Dalí11 rue Poubot - Paris 18ème -- M° Anvers, Abbesses, bus 54, 80 et Monmartrobus- TLJ de 10 h à 18 h - Entrée plein tarif 11 € - Jusqu'au 10 mai 2012

Images : A Sabater, Paysage de l'Empordà, huile sur cuivre - 18 x 23,7 cm - 1978 © Collection Enrique Sabater
A Sabater, une accolade sur le Quin Elisabet (sic) Encre sur papier - 28,5 x 44 cm - 1975 © Collection Enrique Sabater

** Aux éditions de La Merci : PAROLES-COUVERTURE.jpg 9 av. du Cap Béar- 66100- Perpignan-0468551874 - www.lamerci.fr (chèque bancaire de 20 euros)

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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