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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 19:48

  * La naïveté de Maillol en ce qui concerne ses rapports avec l'occupant nazi et son amitié avec son mécène le comte Kessler : il était redevable aux Allemands qui l'ont reconnu, exposé, diffusé, acheté, aux occupants qui ont libéré Dina Vierny, emprisonnée à Fresnes, mais cet argument psychologique de la "naïveté" est peu solide. Francis Coste, de Banyuls (décédé tout récemment, décembre 2011), prétendait avoir des preuves de la compromission du sculpteur, en s'appuyant sur la revue de la Collaboration "Signes". La Présidente de la Déportation pour les Pyrénées-orientales aussi, car elle a eu accès, à l'étranger, à des archives encore secrètes, à des photos montrant Maillol et D.Vierny paradant et buvant avec les nazis dans les cafés de Perpignan...

 

  * Rien n'est plus facile que de juger quand on n'est pas dans le contexte de l'époque : qu'aurai-je fait en ces temps de délation et d'occupation ? Aurai-je été courageux..? * Les malheurs de la guerre, de Maillol : l'oeuvre a été commandée par le comité Henri Barbusse en 1939; cependant, la guerre ne permet pas de mener à bien le projet. La sculpture est rebaptisée, de façon idyllique, "La rivière" et exposée au salon d'Automne de 1946. Le plomb est acquis, peu après, par le Musée d'Art moderne.

 

  * Jacques Henric s'intéresse à la peinture et aux modèles. Il écrit que l'on connaît le modèle par le sexe. Le corps du pays qui m'habite, le corps des modèles habitait le peintre. Il devait, pour rendre la vérité de la femme, la connaître intimement, par les formes voluptueuses. L'artiste peint beaucoup avec son sexe.

 

  * Aragon, dans Le Roman inachevé : "Je suis mort en août 1918." * Pourquoi écrire ? On se rappelle la boutade des Surréalistes : "J'écris parce que...", dans l'enquête de la revue Littérature. Plus sérieusement, on écrit pour témoigner, pour rêver, s'inventer une vie meilleure, pour changer le monde, pour la gloire.. Ecrire pour les vivants, même quand on est mort !

* J'ai écrit Moi, Matisse à Collioure à l'encre bleue; j'étais réellement devenu le peintre... Du Portugal, j'avais adressé à la famille S. une lettre dont l'adresse était ainsi libellée: Dany et Lucien S. / Avenue Matisse / 66190 / Collioure. La missive n'est jamais arrivée à ses destinataires car cette belle artère n'existait pas. Je pense plutôt que la lettre a été retenue par un préposé indélicat, je veux dire : collectionneur, maniaque, esthète, fan de Matisse...

 

* Au Maroc, Matisse manie le bleu admirable des Romantiques. A Collioure, il peint une porte-fenêtre dans les tonalités vert amande de Tanger. De noir, il la recouvrira.

 

* "Le bonheur est une fenêtre ouverte sur un jardin. " Aragon.

   "Le bonheur est volonté de bonheur." Matisse Matisse broie du rose et du bleu comme d'autres des tons amers; ses toiles me mettent du ciel dans les yeux, du bonheur au coeur.

 

* On en arrive alors à l'esprit du service public. C'est, ce serait, ce devrait être l'esprit d'abnégation, l'absolu respect du client; faire son travail jusqu'au bout, malgré tout, malgré le bout exténuant de la tournée, c'est-à-dire acheminer en 1999, sans se poser de questions, une lettre adressée à Monsieur Henri Matisse, artiste-peintre, Hôtel Beau Rivage, à Nice...

 

* "La peinture, cette passion périmée." (Bonnard)      maison-mailol.jpg Maison de Maillol à Banyuls (C) J.P.Bonnel

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 21:57

     Une journée catalane pour les yeux : La malette retrouvée de Robert Capa au MNAC. Les Impressionnistes et Les ballets russes à la Caixaforum (photos sur Facebook)

 

 

 

   Quand les Ballets russes dansaient sur la musique de Stravinski : Jusqu'au 15 janvier 2012, les Ballets russes sont à l'honneur à la Caixa Forum de Barcelone dans une exposition intitulée "Les Ballets russes de Diaghilev 1909/1929 : Quand l'art danse avec la musique".

 

En 1909, les Ballets russes emmenés par Serge de Diaghilev se produisent au théâtre du Châtelet à Paris (France). "Les spectacles de 1910 sont donnés sur la scène de l'Opéra, ceux de 1911 et de 1912 de nouveau au Châtelet, ceux de 1913 et enfin de 1914 au théâtre des Champs-Elysées, ce théâtre qui a été construit en pensant à eux." (1) Parmi les compositeurs qui écrivirent de la musique pour les Ballets russes, le plus prolifique fut Igor Stravinski (1882-1971), "fils d'un chanteur du théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, travailla la composition et surtout l'orchestration avec Rimsky-Korsakow mais chercha seul sa voie. Ses premières compositions - Symphonie en mi bémol, le Faune et la Bergère, un Scherzo fantastique et Feu d'artifice - ne laissaient pas deviner son tempérament de conquistador lorqu'un événement singulier vint imposer à son talent et à sa vie une orientation inattendue. Un amateur d'art très cultivé et soucieux de marcher à l'avant-garde de son époque, Serge de Diaghilew (1872-1929), avait fondé une revue d'art où il favorisait les échanges entre les artistes russes et les poètes d'Occident et organisé des expositions ambulantes de peinture et des tournées lyriques et chorégraphiques à l'étranger." (2)

Extrait du programme des Concerts Colonne (Théâtre du Châtelet) du dimanche 16 novembre 1975, écrit par Michèle Reverdy : "Né en 1882, Igor Stravinsky avait déjà parcouru en 1917, avec l'achèvement de Noces, ce que l'on a appelé depuis sa période russe, et que l'on peut considérer comme une première étape dans sa carrière de compositeur : étape au cours de laquelle il pose les jalons d'un langage nouveau essentiellement rythmique, et digère peu à peu l'acquit culturel de sa jeunesse russe.

L'Oiseau de feu, inspiré par un conte oriental, fut composé sur la demande de Diaghilev pour la saison 1910 des Ballets russes à Paris. Oeuvre à l'orchestration brillante, dans laquelle l'emploi merveilleux des instruments à vent laisse pressentir l'orchestre du Sacre, elle symbolise, dans une constante dualité entre les parties mélodiques et les parties rythmiques, la lutte du Bien (Yvan) et du Mal (Kastcheï).

Plan : Introduction - L'oiseau de feu et sa danse - Variations - Ronde des Princesses - Danse infernale du roi Kastcheï - Berceuse - Final."   

Après l'Oiseau de feu en 1910, Igor Stravinski écrira Pétrouchka en 1911 puis, en mai 1913, Diaghilev, sur une chorégraphie de Nijinski, "jette aux Parisiens, comme un défi, Le Sacre du printemps, ballet préhistorique sur une partition de Stravinski. Quel beau tapage ! Le spectacle qui sera créé au théâtre des Champs-Elysées, ce théâtre d'où l'on est vu de partout. On en profite pour prendre des postures avantageuses ; dès les premières mesures - des mesures heurtées et violentes qui paraissent à beaucoup cacophoniques - des auditeurs se lèvent, protestent, sifflent, se lancent des défis." (1) "L'explosion fut atomique. Au dernier accord, plus rien ne restait debout dans le domaine de l'harmonie, du contrepoint, de la grammaire et de la syntaxe classiques. On ne reconnaissait même plus les outils orchestraux traditionnels que l'assaillant avait utilisés comme instruments contondants ! Une terreur panique s'empara de l'assistance ; néanmoins tout auditeur de bonne foi dut renconnaître que cet engin était un merveilleux chef-d'oeuvre de mécanique et qu'enfin une formule valable et efficace de l'anti-charme était découverte." (2) "Toute réflexion faite, LE SACRE est encore une 'oeuvre fauve', une oeuvre fauve organisée. Gauguin et Matisse s'inclinent devant lui. Mais si le retard de la musique sur la peinture empêchait nécessairement LE SACRE d'être en coïncidence avec d'autres inquiétudes, il n'en apportait pas moins une dynamite indispensable. De plus, n'oublions pas que la collaboration tenace de Strawinsky avec l'entreprise Diaghilew, et les soins qu'il prodigue à sa femme, en Suisse, le tenaient écarté du centre (*). Son audace était donc gratuite. Enfin, telle quelle, l'oeuvre était et reste un chef-d'oeuvre ; symphonie empreinte d'une tristesse sauvage, de terre en gésine, bruits de ferme et de camp, petites mélodies qui arrivent du fond des siècles, halètement de bétail, secousses profondes, géorgiques de préhistoire." (3) "Après le premier choc, le public et les critiques finirent par accepter le Sacre. Une semaine après la représentation parisienne, le ballet fut présenté à Londres où il ne rencontra qu'un succès modéré. En 1920, Diaghilev le monta de nouveau à Paris. Il avait demandé à Massine de refaire la chorégraphie et cette nouvelle version reçut un bon accueil. Depuis, de nombreuses interprétations en ont été données." (4) "Naguère c'est sur Nijinski qu'il (Diaghilev) se penchait voluptueusement comme un tendre trésor. Nijinski se trouve présentement dans une maison de santé. Avec la même lente jouissance, c'est Léonide Massine que Diaghilev a découvert aujourd'hui." (5)

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(*) Ce 29 mai 1913, au théâtre des Champs-Elysées de Paris, l'orchestre était dirigé par Pierre Monteux.  

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(1) La France de M. Fallières, Jacques Chastenet de l'Académie française (1949)

(2) Histoire de la musique, Emile Vuillermoz (1949) 

(3) Le Coq et l'Arlequin, Jean Cocteau

(4) Extrait de l'encyclopédie Les grands compositeurs et leur musique (Hachette)

(5) Le Premier janvier 1920, Arthur Conte   2012.jpg ballets-de-Diaghilev.jpg

 

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 19:46

dali--portrait-de-picasso-au-21--siecle--1947--clip.jpg   Dali à FIGUERES (Catalogne)

 

* Encore une fois au musée Dali, à Figueres. En 1946, l'artiste prétend que les figures de Disnai (sic) se dalinisent. "Destin" est produit, non en 1946, mais en 2003, à partir d'un matériel réalisé à l'époque. "Destins" est une chanson du Mexicain A.Dominguez, source d'inspiration : "Il s'agit d'un exposé magique des problèmes de la vie dans le labyrinthe du temps." Dali crois (sic) que son destin étai (sic) de rencontrai (sic) Disnay (resic)... Je m'attache à quelques toiles : "Vénus souriante" de 1921, "Mannequin de Barcelone", "Les fêtes de Figueres" (1922) et "Baigneuses de Cadaqués", ou "Baigneuses de la plage d'Es Llaner" de 1923, thème pictural traditionnel.

 

   Je me dis qu'il serait bon de se perdre avec une femme esthète dans ce théâtre artistique devenu le mausolée dalinien...

 

   Voici encore "une "composition satirique", parodie de Matisse (1923): la danse...L'autoportrait avec L'Huma (1923), le Portrait de Picasso au XXI° siècle (1947), dans lequel la langue de Pablo est un attrape-tout : attrape-mouches, gobe les destins et les beautés des femmes rencontrées...Bien vu, Salvador ! On s'attarde à l'autoportrait avec du lard grillé ("Autoretrat tou amb baco fredit"). La salle des chef-d'oeuvre est à gauche de la scène centrale, sous laquelle gît Dali. "L'espectre del sex-appeal" de 1934, Cadaqués depuis la tour de Les Creus (1923), Gala au dos sublime et marron. Ce regard vers un invisible miroir, la pose de dos, cette attitude peu naturelle est sensible dans la crispation des chairs recouvrant les côtes; genou et cheveux auburn sur le haut du dos : l'érotique n'est que dans la; suggestion du cul, avec ce foncé, ce drapé de peau sensuelle, qui fait caverne entre les fesses (1960). 

 

   Revoici Galarina, avec ce regard fixant le peintre, puis le visiteur, et ce sein gauche altier découvert, comme un coeur mise à nu par son amant de maître...Portrait de Gala riant en 1969, pieds nus, affalée dans un fauteuil... Gala contemplant le corpus hyper cubitus, avec une écharpe jaune (1954)... Leda atomique de 1949 : trois niveaux, au moins de lecture : d'abord le personnage familier (Gala nue), puis le décor dépouillé, froid, fantomatique à la Chirico, et enfin le sens mythologique avec Léda, les Dioscures, l'oeuf et le cygne-Zeus... Plus loin, plus haut, les dix recettes d'immortalité... Le tableaux de Modest Urgell (1839/1919) : Cimetière et Ruelle de nuit, très sombres, comme abstraits car les sujets sont invisibles... Monument dédié à Lorca à la plage de Cadaquès, devant la maison de Dali : sculpture de J.M.Subirachs, photos extraite du livre d'Antonina Rodrigo "Anna Maria Dali à Salvador".

 

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 18:36

La Représentation De Dali « Cadaqués » Recréée "Grandeur Nature" En Chine !

 

L'oeuvre de Dali 1922 - Huile sur toile-  Kunstmuseum de Bern.

 

Cadaqués doit sa renommée et son enchantement préservé à Salvador Dali qui l’a défendu contre les promoteurs immobiliers.

Ce petit village, à côté de Figueres, ville natale de Dali, a suscité un engouement particulier de la part d’investisseurs immobiliers chinois qui veulent en faire une représentation réelle dans la baie de Xiamen, ville de la province du Fujang en Chine.

Des plans sont en cours de réalisation afin de concevoir le projet d’architecture dans la baie Xiamen, selon la représentation artistique de Salvador Dali.

Une équipe de designers, de China Merchants Zhangzhou, conglomérat d’entreprises chinoises développées notamment dans le secteur immobilier, a visité le village espagnol de Cadaqués. A l’appui de nombreuses photographies, des relevés topographiques et des reproductions cadastrales ont été réalisés. Toutes ces données permettront de reconstituer fidèlement ce village dans la baie chinoise. Quelques 10.500 kilomètres séparent le village espagnol et la ville de Xiamen.

Cette idée de représenter le village de Dali est née d’une volonté touristique, destinée à concevoir une station balnéaire pittoresque et aux accents méditerranéens. Plus de 400.000 m2 seront nécessaires à la réalisation de cette copie typique ou atypique.

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 18:00
  à Nîmes, la ville qui a un accent art-pauvre.jpeg

 

 

   * Le Carré d'Art présente, en cet automne 2011, une exposition au titre peu motivant : "Pour un art pauvre". L'appellation désigne un mouvement artistique italien des années 1960 "L'arte povera". L'expo montre la surproduction des images et des objets; l'art devient prisonnier de sa valeur marchande. On s'intéresse ici au geste premier, à l'improvisation, à la frontière ténue qui sépare le matériau et l'objet fini. Les "oeuvres" sont d'une insignification désespérante, les gardiens sont dix fois plus nombreux que les visiteurs; par chance, je n'ai pas donné les cinq euros du droit d'entrée, sinon je les aurais regrettés ! Pauvreté et nécessité de payer pour  voir des papiers collés au plafond ou des tiges plantées dans des bouteilles de bière usagées: misère de l'art, provocation, encore, à l'infini...

   Il faut comprendre, bien sûr: l'intention -la représentation symbolique du monde -  prime sur l'aspect agréable de l'art : ces produits renvoient à la laideur du quotidien, pour une autocritique du visiteur...improbable...Contestation de la société de consommation, rejet du beau, de la couleur pour s'intéresser à l'aspect matériel de la chose montrée : supports, surfaces, encore...ça commence à faire, comme l'on dit, de façon triviale !

 

   Comme l'écrit le mini-catalogue, "Arte povera mettait en évidence une "symbolique du monde" : ces nouveaux sculpteurs interrogent avant tout la question du faire et de la perception; l'arte povera, né à la fin des années soixante, comme le Land art est contemporain des grands mouvements  de contestation de la société de consommations..."

 

*Pour un art pauvre - Carré d'art, 16 place de la Maison-Carrée- du mardi au dimanche, de 10 heures à 18h - 5 euros - jusqu'au 15 janvier 2012. carreartmusee.nimes.fr  art-pauvre.JPG

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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