La Catalogne étranglée par le tourisme de quantité : Barcelone, Gérone, Perpignan
Par son patrimoine (églises, forteresses, musées, architecture art nouveau...) et grâce à ses artistes (Dali, Gaudi, Picasso, Miro, Barcelo...), la Catalogne peut pratiquer un "Tourisme de qualité", un tourisme culturel.
La Catalogne est vraiment une "destination touristique de qualité" depuis des décennies. Le cinéma a montré la séduction que cette "auberge espagnole" exerce sur la jeunesse : venue d'étudiants étrangers, vivant en collocation, visitant les lieux de cette cité des prodiges que constitue Barcelone...
Gérone, aussi, se développe de façon exponentielle (1)
Quant à Figueres, elle demeurerait une ville de province, laide, obsolète, si Dali n'avait pas eu l'idée, bien sûr géniale, de créer son "Théâtre-Musée" qui fit courir les foules et perpétue l'esprit subversif, surréaliste dans une bourgade pourtant bien conformiste et bourgeoise...
Perpignan, qui se dit "catalane" se veut aussi "ville d'art, ville de destination", en énumérant les atouts que constituent les venues et séjours de Dufy, Dali, Picasso, Matisse...
Celui-ci n'a pas peint Perpignan, qu'il n'a connu que par sa belle-soeur, directrice de l'ancienne école normale de filles, place J.Moulin. C'est Collioure qui abrita le fauve et la directrice du musée Peské, J.Matamorros, a su montrer de façon magistrale les créations de Matisse dans le petit port...
Dali fut une occasion manquée par les précédentes municipalités : malgré le talent de Jean Casagran, commissaire de belles expos sur le peintre de Port-Lligat, il ne reste rien de Dali à Perpi…Des affiches (à la gare centrale du monde, on a fait le vide), des photos dans les hôtels où il séjourna…
Picasso résida bien à Perpignan (2), dans l'hôtel de Lazerme, pour rendre hommage à sa maîtresse (tableaux au musée Rigaud) et bénéficier d'un pied à terre pour se rendre aux corridas de Collioure et Céret… Très peu d'oeuvres du maître dans les musées des P.O. malgré les grandes expos de J.Matamorros au Musée d'art moderne de Céret.
C'est une bonne idée de faire appel aux particuliers pour étoffer l'expo annoncée…
En attendant, Perpignan n'a pas de musée consistant; la ville est une destination pour son patrimoine religieux, son petit train qui sillonne le centre-ville, symbole d'une "ville traintrain", ses groupes moutonneux et bien vieux…
Et ce n'est pas Dufy qui va enthousiasmer la jeunesse !
Afin d'être une destination picturale, il faudrait que Perpignan attire avec H. Rigaud dans le musée Rigaud ! C'est faisable avec les prêts…
Sans cela, la ville va pencher vers la facilité, un tourisme de quantité, qui déjà, dévore Gérone et Barcelone. (4)
JPB - 7 nov. 2016
- - -Notes :
(1) Pour un dialogue Perpignan / Gérone :
La nouvelle grande région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon s'organise autour de grands commis de l'Etat, installés à Toulouse (préfet, recteur…).
Carcassonne se positionne comme "Capitale culturelle des deux régions" (on y reviendra). Face aux musées Fabre, de Lodève, de Sérignan et de Narbonne, Perpignan attend le grand ensemble Rigaud…
Perpignan doit aussi développer l'art contemporain autour de l'immense figure européenne de W. Benjamin, dont on va célébrer en septembre (en Catalogne du Sud, venue des médias allemands à Port-Bou, La Junquera, Girona…) le 75° anniversaire de la mort...
Gérone et Perpignan ne doivent plus s'ignorer : seulement 80 kms les séparent, le maire Carles Puigdemont connaît bien Perpinya…La balle est dans le camp de la mairie de Perpignan qui, bien que s'appelant encore "La Catalane" est dirigée par un élu peu catalaniste... Avec J.Paul Alduy, l'ouverture vers le Sud était évidente. Aujourd'hui, le slogan "Perpinya la catalane" est une incantation !
Pourtant les deux villes de taille moyenne pourraient travailler ensemble et mutualiser leurs ressources culturelles et touristiques : inventer un circuit entre les deux cités (itinéraires juif, musulman, catalan, artistique…) afin de créer une entité catalane des deux côtés de la frontière et contrebalancer la morgue toulousaine !
A part les échanges théâtraux entre Salt (banlieue de Girona) et l'Archipel, rien…
Girona est une destination touristique de plus en plus prisée : elle est dans l'élite des villes sélectionnées par National Geographic ! C'est en outre un centre historique monumental, la capitale mondiale de la gastronomie (avec El Celler de Can Roca, meilleur restaurant du monde en 2013), c'est une ville de festivals (jazz, théâtre, musique, arts visuels); c'est l'art contemporain avec BOLIT, un festival de littérature (du 9 au 19 avril, auquel a participé l'écrivain perpignanais Joan Luis Luis)…
JPB (mai 2016)
Quelques dates pour se rendre à Gérone :
*Turandot le 3 mai au théâtre municipal
*Mme Butterfly, le 17 mai
*à l'Ecole municipale d'art : "Essences" jusqu'au 29 mai (centre culturel de la Mercè)
* au musée d'histoire juive "La Girona dissident" jusqu'au 17 maiet cycles de conférences
*musées : nuit des musées le 16 mai - exposition d'Enric Marquès jusqu'au 1" mai (casa Pastors)
*Salle Monsalvatge : récital de Joan Manuel Serrat (17 mai, 19h) : il s'agirt de 2015 !!!
(2) voir mes articles dans ce blog, dans le recueil "Catalogne en peinture", dans la Semaine du Roussillon "Un drôle de diable rue de l'ange"...
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(3) Chine, Russie... La Costa Brava veut dévorer le monde
Autrefois simplement associée au simple tourisme ensoleillé et à la plage, la Costa Brava s'adapte aux nouveaux marchés émetteurs de tourisme, comme la Chine, gisement majeur dès 2016. Le "Patronat" de Tourisme Girona-Costa Brava, agence publique-privée, augmente son budget de 2,4%, insiste sur le marché russe et souhaite séduire le Sud de la France, désormais relié par TGV à Girona.
Au lendemain de la publication de chiffres pulvérisant tous les records de fréquentation touristique étrangère en territoire espagnol, les décideurs de la Costa Brava enfoncent le clou en tentant de séduire de nouveaux pays. Le 21 janvier, le ministère espagnol de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme a révélé pour 2013 la présence de 60,66 millions de touristes, à l'issue d'une progression de 5,6%. La crise a quitté ce secteur économique, dont le précédent record, en 2007, à la veille des difficultés, comportait 58,6 millions d'arrivées. L'Espagne retrouve sa troisième position mondiale et reste devancée par la Chine et la France, tandis que la Catalogne du Sud représente la principale destination ibérique choisie par les étrangers, au nombre de 15,58 millions, soit un quart du total. Pour conforter les acquis et développer ailleurs, le gouvernement catalan inaugurait ainsi, début janvier, une agence de tourisme permanente à Sao Paulo, afin de séduire le Brésil, la Colombie, le Pérou, l'Argentine et le Chili. Dans un panorama euphorique, que la ville Madrid ne partage pas en raison d'un recul de 5%, la Costa Brava fourbit de nouvelles armes, en insistant sur les nouveaux gisements, en détectant les émergences et en tentant de saisir la mondialisation des déplacements de loisirs.
Loin des plages, des sentiers forestiers pour les Asiatiques
La Chine constitue la cible première du Patronat de Turisme Costa Brava Girona, structure publique-privée qui tient lieu d'équivalent libéral d'un Comité Départemental du Tourisme, aux stratégies affûtées selon les prévisions socio-économiques mondiales. Car l'Empire du Milieu, dont la croissance atteindra 7,5% en 2014 et 7,3% en 2015 selon le Fonds Monétaire International (FMI), sera un pays émetteur de touristes aisés majeur dès 2016. Pour viser juste, le "Patronat" a ainsi passé commande à l'Université de Girona, fin décembre 2013, d'une étude fouillée décrivant les opportunités de croissance, sur son territoire, du marché chinois. Cet exercice d'adaptation aux désirs de l'autre, dans une quête d'alternatives au soleil et à la plage, comportera notamment des packages touristiques étonnants, comme les "sentiers forestiers thérapeutiques", appréciés des Asiatiques, programmés dans l'arrière-pays de la Costa Brava, étirée de Portbou à Blanes. Parmi d'autres, cette nouvelle formule s'érigera en alternative au soleil et à la plage, désormais associés au vulgaire tourisme low-cost, tandis que la progression enviable des escales de croisières dans les ports de Palamós et Roses garantit des retombées financières en conséquence. Mais cette bordure littorale réputée dans le monde entier depuis les années 1970 connaît aussi une fréquentation russe en hausse constante, assortie de situations nouvelles, comme l'existence de 6 hôtels à capitaux russes à Lloret de Mar. L'agence de promotion touristique, à l'aise dans sa remise en question permanente, affiche l'ambition d'exploiter les nouvelles mannes mondiales, tout en renforçant ses actions de promotion dans le Sud de la France, en effectuant de véritables frappes de communication ciblées, de Perpignan à Marseille et Toulouse, sur les villes reliées à Girona par le TGV lancé le 15 décembre 2013. Elle porte ainsi son budget 2014 à 4,8 millions d'euros, correspondant à une évolution de 2,4%, en affirmant un esprit conquérant et renouvelé, tout en préservant ses marchés habituels constitués par Israël, les pays de l'Est, l'Allemagne et le Royaume-Uni.
Mercredi 22.1.2014.
(4) Savoir bien vendre le département ! Quelle phrase obscène !!
Il est vendu depuis des décennies, voué au tourisme de masse, parfois destiné à visiter le patrimoine, à participer à des événements culturels et sportifs, le plus souvent (et c'est normal pour des vacanciers) au farniente : plage, bouffe…
Massifié depuis l'aménagement du territoire des années 1960 : le mur de béton on n'est pas les seuls, voir la Côte d'Azur, la défiguration de la Costa Brava par des constructions sur le domaine littoral..), des villages envahies, où les habitants ne se entent plus chez eux et ont l'impression que tout, fêtes, loisirs…est fait pour les estivants : le cas de Collioure…
JPB.
(4) Gérone et la pression touristique:
La Girona Vella nota la pressió de l’èxit turístic
L’afluència de visitants al Barri Vell complica la vida dels veïns, que es queixen d’un model massificat
JOSEP PASTELLS Girona ACTUALITZADA EL 15/09/2016
L’èxit turístic sense precedents que està experimentant Girona en els últims anys no només ha provocat un canvi d’usos en els habitatges i locals del Barri Vell, sinó que també ha modificat els ritmes i costums d’aquest espai que amb prou feines ocupa un quilòmetre quadrat. Malgrat que comerciants, hotelers i institucions celebren l’augment del nombre de visitants, molts veïns es queixen de la pressió turística que això comporta i alerten dels riscos d’optar per un model massificat.
“Actualment estem al límit. Ens deixem arrossegar pel turisme fàcil i immediat”, afirma l’economista Manel Romà. Mentre espera dins del seu cotxe que un nodrit grup de visitants s’aparti i el deixi pujar pel carrer de la Força, afegeix: “El vertigen dels últims anys, carregats de vols low cost i apartaments turístics, està complicant massa la vida dels veïns”. “Al final Girona serà com Carcassona, un parc temàtic. I haurem d’anar vestits de jueus o catòlics alternativament. Quan tindrem un mes sense activitat al barri per poder estar tranquils?”, es pregunta l’arquitecte Modest Casadevall. “Seria una llàstima que el model turístic del Barri Vell de Girona acabés sent com el del Barri Gòtic de Barcelona”, apunta la ceramista Helena Prat.
No totes les opinions van en el mateix sentit. “Els hotels estan plens i tothom n’ha d’estar satisfet, gran part de la ciutat de Girona viu del turisme”, destaca Ramon Ramos, director general del Patronat de Turisme Costa Brava Girona. Segons ell, “parlar de massificació a Girona és una mica agosarat”. “La promoció que es fa és la idònia. Creem productes nous, diversifiquem l’oferta i procurem que no es concentri en mesos concrets”, afegeix.
Glòria Plana, regidora de Promoció Econòmica, Desenvolupament Local i Turisme, també rebaixa la preocupació: “Tendim a un tipus de turisme cada cop més sostenible i responsable, de manera que l’increment de visitants no és cap motiu de preocupació”. Amb tot, Plana admet: “Caldrà valorar com encarem aquest tema els pròxims anys. Per això, abans que acabi l’any elaborarem un pla estratègic de turisme que defineixi les línies a seguir”.
La pressió humana
Els veïns del Barri Vell han de conviure amb les molèsties derivades de trobar-se sovint els carrerons col·lapsats per una munió de gent. “Entre turistes i ciclistes això és horrible. Aquí no es pot viure”, denuncia el pintor Lluís Bosch Martí, que ja ha rebut unes quantes ofertes per vendre’s el seu estudi del carrer Calderers. “Volen fer-hi apartaments turístics i m’ho estic pensant, perquè pateixo moltes incomoditats. Sovint em trobo a l’escala dos paios que baixen amb bicicleta d’un pis d’aquests”, explica. “Tot i que hi ha cada cop més apartaments turístics i hi ha hagut un boom de ciclistes des de l’època que Lance Armstrong vivia al carrer de la Força, els veïns estan molestos sobretot per les fresses nocturnes”, comenta el perruquer Narcís Bosch, que té entre els seus clients el llorejat triatleta alemany Jan Frodeno.
“L’Ajuntament ho té molt complicat. Bars i restaurants paguen molts diners per posar les terrasses, que provoquen molèsties acústiques i reducció d’espai per als vianants, i els veïns són els seus votants. Per qui et decantes?”, es pregunta Bosch. “És un tema delicat i mai no plou a gust de tothom”, diu Josep Carreras, president de l’Associació d’Hostaleria de Girona. “Potser ha arribat el moment d’obrir un debat amb la voluntat de fer les coses una mica bé, però veïns i empresaris tenen interessos contraposats i les posicions estan una mica enrocades -observa-. És una situació nova per a la ciutat, que ha de madurar una mica”, afegeix Carreras, convençut que les molèsties no es limiten al Barri Vell. “Són el preu que hem de pagar perquè els hotels puguin estar plens, tot i que cal tenir present que la ciutat no arriba a les 4.000 places hoteleres”, remarca. “El rodatge de Joc de trons i la promoció que es fa des de l’Ajuntament es noten molt i en sortim beneficiats tots plegats -opina Josep Maria Noguer, president de l’associació Girona Centre Eix Comercial-. Potser sí que caldria estudiar una mica el model turístic, perquè totes les masses piquen, però de moment podem assumir tots els visitants que vénen”, assegura.
Convivència complicada:
“No sé quin és el límit ni el mecanisme que impedeixi convertir el Barri Vell en un parc temàtic”, confessa l’empresari i escriptor Josep Campmajó a propòsit de les nombroses visites guiades que recorren els escenaris de rodatge de Joc de trons. També es refereix a l’arribada de franquícies de restauració (“Ofereixen el mateix que en qualsevol ciutat europea, diluint el nostre valor gastronòmic, que precisament ens ha convertit en referent turístic”), a la desertització de residents del Barri Vell a favor dels apartaments turístics i d’estudiants, i a l’absència de comerç autòcton. “Encara no hem trobat la manera d’encaixar la convivència entre el resident i les seves necessitats i el no resident i l’oportunitat de negoci que significa”, lamenta Campmajó.
En la majoria dels casos els turistes que arriben a Girona no s’aventuren més enllà del Barri Vell. No visiten llocs d’interès que no surtin a les guies turístiques convencionals i ni tan sols es desplacen a espais que sí que hi apareixen, com la Devesa o la Vall de Sant Daniel. Tampoc no s’acosten gaire al Mercat del Lleó, que manté el seu aspecte tradicional, molt allunyat de la Boqueria de Barcelona, on els turistes han esdevingut els principals usuaris.
Botiguetes de records
El carrer de la Força, el més estret i freqüentat de la ciutat, és un bon exemple de la poca diversitat comercial de la zona: ha quedat atapeït de botiguetes de records, cinc de les quals són del mateix propietari. Una de les poques excepcions és l’Espai Hel·lènica. “El visitant que hi arriba entra atret per l’art i es nota perquè té una altra sensibilitat, molt diferent a aquell que va ràpid amb por que el grup el deixi sol i es perdi”, explica la ceramista Helena Prat. Segons ella, “calen menys autocars amb visitants que omplen de soroll els carrers durant unes poques hores però que són riuades constants de gent al llarg del dia que impedeixen el pas als que viuen o treballen al barri o simplement volen passejar tranquil·lament”.
Alguns locals de la zona turística han hagut de prendre mesures per evitar que els seus lavabos siguin un substitutiu dels lavabos públics. L’Arc, per exemple, cobra un euro als que no en són clients. L’obertura de dos supermercats al carrer Ciutadans ha mitigat el tancament de les botiguetes de barri, tot i que la seva oferta s’adreça sobretot als turistes. Només cal contemplar el contingut de l’aparador de l’entrada: begudes fresques, entrepans, cafè per emportar-se, fruita tallada...
“Els veïns som l’ànima del Barri Vell”
Entre el gener i l’agost el nombre de visitants que van acudir a l’Oficina de Turisme de Girona va augmentar un 16,8% respecte al mateix període del 2015, segons informa Glòria Plana, regidora de Turisme. Al juny van acudir-hi 7.200 turistes, mentre que al juliol van ser 10.700 i a l’agost, 14.200. “No hi ha cap motiu de preocupació, estem acabant de consolidar la desestacionalització i buscarem la millor manera de trobar un equilibri de convivència”, diu. Mentrestant molts veïns es mostren crítics amb l’actual model. “Potser només hi ha un 40% de la gent que viu al Barri Vell tot l’any”, calcula el restaurador de mobles Narcís Batlle. “Hi ha molts pisos turístics i projectes de fer-ne més. Alguns són legals i altres no”, afirma el pastisser Pere Pujolràs. “Els que encara vivim al barri simplement volem que ens tinguin en compte, que de tant en tant pensin en nosaltres. Modestament, penso que en som l’ànima”, reflexiona l’economista Manel Romà.
---à suivre :
Barcelone, tourisme de mémoire - les morts de la Retirada