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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 09:36
L. Roque et son épouse
L. Roque et son épouse

Léopold Roque

(merci à sa famille, en particulier sa fille et son épouse, qui m'ont fourni photos et documents pour cet hommage à une figure importante et méconnue des Pyrénées-orientales)

L. Roque, né le 16 octobre 1905 à Laroque des Albères (66), est décédé dans on village catalan le 5 septembre 1978.

Ouvrier tonnelier, il adhéra au PCF en 1929 et y occupa rapidement d'importantes responsabilités pour le Languedoc-Roussillon.

Il contribua à organiser l'aide et la solidarité aux Républicains espagnols et ses voisins catalans puisque seule la crête des Albères sépare son village de la Catalogne.

Militant communiste, Résistant, il est arrêté le 30 juin 1941 à Limoges (Hte Vienne) par la brigade politique du régime de Vichy; les causes et circonstances de son arrestation : activité anti-allememande, selon le certificat pour l'obtention de soldes de captivité). Léopold est envoyé à Dachau le 30 mai 1944; il en reviendra le 2 juin 1945.

Le certificat d'appartenance aux forces françaises de l'intérieur stipule son appartenance aux F.T.P.F. du Lot et Garonne, bataillon de Contraie d'Esses (du 9.12.43 au 30.5.44) - Domicilié en 1953 (date du certificat) à ELNE, route Neuve.

Après la douloureuse épreuve de la Déportation, il s'installe dans la région lyonnaise; ouvrier chez Berliet, il milite à la CGT; élu délégué au comité d'entreprise, il reçoit et discute avec de nombreuses personnalités (Kossyguine, Pompidou, Duclos, Marcel Paul…) comme le montre son album de photos.

Il continua aussi à défendre les droits des déportés et internés de l'entreprise.

A la retraite, il exerça les plus hautes responsabilités à la FNDIRP et à la présidence départementale de l'UFAC.

Combattant toute sa vie pour la paix, la défense de son pays, . Roque dénonça jusqu'au bout toute complaisance envers la renaissance du fascisme…

**Louis ARAGON, dans son roman Les Communistes (février 1939-janvier 1945), décrit toute une époque tragique, de la fin de la guerre d'Espagne à la seconde guerre mondiale.

Le premier volet de cette fresque (février/sept.39) débute par l'arrivée des exilés républicains à Perpignan et dans le sud de la France. Voici l'incipit où apparaît Léopold Roque, originaire des Albères, militant communiste et syndical, qui sera emprisonné par le régime de Pétain, puis déporté. Voici l'incipit (le tout début) de ce roman :

"Depuis cinq jours, par les brèches du pays, le flot sombre des vaincus, un peuple portant dans ses yeux la révolte de la défaite et l'étonnement du destin, déferlait à travers les Pyrénées-Orientales, mal endigué, brutalement accueilli par les soldats et les gendarmes, où il ne croyait rencontrer que le deuil et la générosité française, depuis cinq jours, par toutes les routes, à pied, sur des charrettes, dans des camions blindés...

A Perpignan un homme de trente-cinq ans environ, grand et mince, brun et assez haut en couleur, qui avait l'air de ce qu'il était, un pédagogue, descendait du train, envoyé par un comité d'aide aux intellectuels espagnols...

Il ne demandait pas son chemin, ayant autrefois professé à Perpignan. Le va-et-vient inhabituel, à la fois morne et fébrile, arrangez-vous, lui fut plus sensible qu'à un étranger débarquant ici sans rien connaître de la ville. On voyait beaucoup de police. Des voitures officielles animaient les rues d'une vie artificielle...

Et s'il fallait écouter les gens d'ci… Tenez, par exemple, ce Léopold Roque…pour lui tout est simple comme un gâteau coupé enjeux…,il y a les bons communistes, et les autres tous des affreux… Vous pensez si je le connais ! A chaque réunion électorale, je le vois rappliquer et je me dis : allons bon, voici mon Léopold…"…

à suivre...

Discours de L. Roque lors d'un meeting.

Discours de L. Roque lors d'un meeting.

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9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 14:18
Dames d'Elne et d'Alénya - La Maternité et Oradour - Leonardo Marcos, photos : exposition à la galerie L'Isba

L’aventure en Roussillon avec Bernadète Bidaude autour de ce projet a commencé à Elne, à la Maternité suisse, après qu’elle ait passé du temps à Oradour/Glanes. Pour elle, une évidence : faire résonner les faces sombres et lumineuses d’une même histoire (la Retirada et la 2de Guerre Mondiale) , dans un même temps.

Tout d’abord, en 2013, Bernadète, auteure et conteuse, s’est installée à Elne pour plusieurs semaine, en résidence d’écriture. Elle a rencontré, échangé avec des témoins de cette époque, mais aussi avec des enfants, des jeunes, des passants ou des résidents ; elle a écouté, stimulé la parole orale ou écrite.

Après le temps de l’écriture, Bernadète est revenue en Roussillon en 2014, à Alenya, pour plusieurs temps de création de la version pour la scène de ce récit.

C’est donc à Alenya que sera accueilli pour la 1ère fois le fruit de ce chemin de création, avec ses deux volets : « la Vie avec Oradour » et «De Madrid à Elne : De sang et de lait », formant le diptyque « Les temps qui courent ».

Les 10 et 11 octobre à Alenya, une démarche artistique singulière à découvrir d’urgence !

Avec le soutien des villes d’Elne, et d’Alenya, du Ministère de la Culture/DRAC Languedoc-Roussillon, de la Région Languedoc-Roussillon, du Département des Pyrénées-Orientales



****************** INVITATION ********************

FESTIVAL LES VENDANGES D'OCTOBRE - ALÉNYA (près de Perpignan)

Vendredi 10 et samedi 11 Octobre 2014 - Salle Marcel Oms - Alenya - 21 h -

Le diptyque, Récits de vie, Les temps qui courent… sera présenté pour la première fois dans son intégralité.

Coproduction : La Mégisserie scène conventionnée de Saint-Junien (87)/ Mairie d'Elne (66)/Mairie d'Alenya (66)/ Les Thérèses

Réservation conseillée au 04 68 22 54 56

Les temps qui courent…de et par Bernadéte Bidaude

Deux résidences - Deux lieux - Deux créations - Deux récits : un Diptyque

Écriture/Jeu/Voix/Chant : Bernadéte Bidaude

Création Lumière : Jessy Ducatillon

Regard/Mise en Scène : Jean-Louis Cousseau

Il est des lieux que la mémoire encercle, forçant le visiteur à se retourner sur soi, le poussant vers ces interrogations premières que l’urgence de la vie fait si souvent oublier.
Oradour-sur-Glane et Elne sont de ceux-là, et Bernadéte Bidaude les a longuement arpentés.
À la rencontre des paroles, des bruits, des silences qui peuplent ces sites, s’en approchant et s’en éloignant tour à tour, y revenant en réalité comme en pensée ou en rêve, elle a longuement muri deux récits qui ne sont ni des témoignages, ni de l’histoire, ni des créations poétiques, ni des chants, ni des épopées… et qui pourtant sont un peu de tout cela en même
temps.

Volet 1 - Vendredi 10 octobre à 21 h - La vie avec Oradour






Parmi les rencontres qui nourrissent tant mon écriture, il y a eu celle de Robert Hébras. Survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. Son histoire : un homme passé de la haine totale à une paix réconciliatrice, qui a décidé de témoigner, de partager et qui dit que :
« C’est chaque jour qu’il faut faire le chemin pour ne pas devenir une bête »
Lors de notre première conversation dans sa cuisine, nous avons parlé de ses jeux d’enfance. Et c’est donc par là que commence le récit et par là qu’il s’achève : par la vie !






Volet 2 - Samedi 11 octobre à 21 h - De Madrid à Elne : De sang et de lait






La maternité du château d'En Bardou à Elne, près de Perpignan, fut créée par la grâce d’Élisabeth Eidenbenz pendant la période de 39-44 afin de permettre à des centaines de femmes d’accoucher hors les camps et d’échapper à ceux-ci. Ce seront d’abord les Républicaines espagnoles ayant fui les franquistes puis des Tziganes, des Polonaises ou Allemandes juives… Plus de 600 enfants sont nés là-bas. Véritable action humanitaire, un havre de paix dans un monde déchaîné. Une lumière dans le noir.

Chaque spectacle sera suivi du pot de l'amitié

Info : http://bbidaude.perso.neuf.fr/

Journée spéciale autour de la Maternité Suisse d'Elne le samedi 11 Octobre

D'Elne à Alenya...

La commune d'Alénya a souhaité accompagner et soutenir le projet de Bernadéte Bidaude en l'accueillant en résidence au pôle de création Antonio Machado. Parallèlement aux deux spectacles qui composent le diptyque Les temps qui courent, nous proposons au public de partager des moments conviviaux et d'échanges sur le thème de la Maternité d'Elne tout au long de la journée.

11h : Caves Ecoiffier d'Alénya - Projection du film d'A. Friedli « Un coeur pour les enfants » (Fr, 32 min) ce film documentaire présente, à l'aide d'images d'archives et de témoignages, le contexte historique de la création de la Maternité suisse à Elne (Guerre civile Espagnole, Retirada, camps du Roussillon, intervention de l'aide humanitaire) ainsi que la vie quotidienne à la Maternité.

A l’issue de la projection, le public pourra échanger avec Célia Carré et Serge Barba, membres de l'association DAME (Descendants et amis de la maternité d'Elne).

12h : Jardin Taulera : Concert de Joel Pons : Suite pour violoncelle de Bach.

12h30 : Jardin Taulera : apéritif suivi d'un pique-nique tiré du sac à partager.

15h : Visite guidée de la maternité d'Elne (covoiturage depuis Alénya), de son exposition permanente « Un berceau d'humanité au coeur de l'inhumain » et de son exposition temporaire « J'ai dessiné la guerre, le regard de Françoise et Alfred Brauner » de Rose Duroux et Catherine Milkovitch-Rioux (Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand)

18h: Concert Jazzèbre (pôle Machado)

Baa Box - Leïla Martial Quartet

Crédit photo : Claire Hugonnet

Leïla Martial (lauréate de Jazz Migration 2014): voix

Eric Perez : batterie, électronique, voix
Alice Perret : claviers, violon alto, voix
Pierre Tereygeol : guitare, voix

Entre l’exploration électronique, l’utilisation des voix sous toutes ses formes (voix basse, bruitages, lignes mélodiques...) et les diverses associations de timbres, on découvre la synthèse des multiples facettes de Leïla Martial.Il y a dans la musique de Baa Box un mélange d’héritage musical hybride et une audace jubilatoire. La dérision ne s’oppose pas à la gravité. La profondeur ne s’oppose pas à la légèreté. L’organicité ne s’oppose pas au raffinement. La rugosité ne s’oppose pas à la douceur. Rien ne s’oppose, tout s’accorde.

contact billetterie Jazzèbre : 04 68 51 13 14

21 h - Les Temps qui courent… Volet 2 - De Madrid à Elne : de Sang et de Lait - Salle Oms -
Par Bernadète Bidaude

- - -

L'ISBA/ art contemporain

9 octobre 2014 à partir de 18h30
VERNISSAGE
LEONARDO MARCOS
« Filles de feu »

**Vernissage Expo Photos ce jeudi à 18h30 autour de Régines Desforges - Galerie L'ISBA, à Perpignan, avenue des palmiers.

Expo photos à la galerie L'Isba

Expo photos à la galerie L'Isba

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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 11:38
Frontières des Pyrénées - Reporters de la Retirada - Simone Salgas, romancière à la librairie Torcatis

*Séminaire MEFROP

Mémoires d’Europe aux Frontières des Pyrénées

Histoire, patrimoine, politiques et modèles culturels

9, 10 et 11 Octobre 2014

* Il s'agit d'un ordre du jour provisoire. Il peut être soumis à des changements de dernière minute. Veuillez excuser le désagrément.

Ce territoire est caractérisé par une multiplicité et une richesse des mémoires. Des nombreux acteurs (associatifs, institutionnels et universitaires) sont engagés dans l’étude, les pratiques et les politiques mémorielles. Il s’agit donc, par le biais d’un projet multiculturel transfrontalier autour du patrimoine mémoriel et au moyen notamment des ressources numériques, de configurer un réseau de travail sur la longue dureé, en réalité, à créer une structure permanente. Le projet veut faire valoir l’expérience, l’expertise et le savoir faire des différents acteurs impliqués dans le domaine des politiques de l’histoire, de la mémoire et du patrimoine, la question des politiques de mémoire européenne ainsi que les mémoires actuelles des sociétés de frontière. Nous travaillons la question de la Mémoire, en tant que domaine transversal, pluridisciplinaire. Il s’agit d’un sujet de premier ordre pour l’Europe actuelle, au regard de son rapport aux conflits du passé récent, avec un regard croisé entre la force héritée des conflits européens et la perméabilité actuelle du symbolisme des limites administratives des États européens. le projet entend consolider un pôle de travail permanent, de débat et d'apprentissage à un ancrage territorial plus solide, comprenant autant les acteurs publics que privés. L’étude de la frontière est en elle-même un univers permanent d’interculturalité. Mais l’importance de ce projet est d’établir les lignes de travail, les réseaux sociaux et académiques pour analyser et mettre en valeur la richesse, diverse et exemplaire, de l’histoire et la mémoire transfrontalière de ce territoire avec un grand potentiel transdisciplinaire, transnational et multiculturel. C’est un projet qui est ouvert par les biais des séminaires permanents à des participations et des domaines culturels élargis.

Organisation:

Université de Perpignan Via Domitia; Centre de Recherches Historiques sur les Sociétés Méditerranéennes; GIS IPAPIC; Association Trajectoires; Fondation Solidarité Université de Barcelone (FSUB)-Observatoire Européen des Mémoires (EUROM)

Collaboration:

Établissement Public de Coopération Culturelle du Mémorial du camp de Rivesaltes; Archives Départementales des Pyrénées-Orientales (ADPO); Casa de la Generalitat a Perpignan; Hôtel Belvédère du Rayon Vert,Cerbère; Musée Mémorial de l’Exil (MUME); Office de Coopération et d'Information Muséales

JEUDI 9 OCTOBRE

Session d’ouverture

Faculté, Université de Perpignan

16h

Ouverture institutionnelle et mot de bienvenue
Dr. Fabrice Lorente, President de l’Université de Perpignan Via Domitia (5’)
Présentation de la Faculté et du Groupe de Recherche Dr. Nicolas Marty, Doyen et directeur scientifique du MEFROP (5’)
Présentation du GIS Institutions patrimoniales et pratiques interculturelles
Xavier de la Selle, président du GIS IPAPIC (5’) Présentation des Projets internationaux de la Fondation Solidarité de l’Université de Barcelone

Xavier López, directeur de la Fondation (5’)

16h30

Présentation du projet MEFROP
Dr. Jordi Guixé, coordinateur du projet et directeur de l’Observatoire Européen des Mémoires (5’)
Berlin Palimpsestes: Le patrimoine et les monuments mémoriels
Dr. Stephanie Endlich, Professeure honoraire Univ. Künste Berlin (40’)
17h10
Pause café (20’)
17h30
Topographies répressives pour les exiliés republicains et brigadistes internationnaux dans les Pyrénnees Orientales,(1939-1941)
Grégory Tuban, CRHISM - UPVD (40’)
18h10
Table ronde et débat (20’)

VENDREDI 10 OCTOBRE

8h30

Transfert en bus à Rivesaltes (20’)

9h

Visite des vestiges du Camp Joffre et de l’Établissement Public de Coopération Culturelle du Mémorial du camp de Rivesaltes (60’)
11h
Pause café (20’)
11h20
Transfert en bus à Perpignan (20’)
12h
Archives Départementales des Pyrénées-Orientales
Le rôle de l’art et de la culture dans le projet du Mémorial du camp de Rivesaltes
Dr. Agnès Sajaloli, Directrice de l’Établissement Public de Coopération Culturelle du Mémorial du camp de Rivesaltes (45’)
Débat
13h
Repas (60’)
14h
Visite aux fonds documentaires des Archives Départementales des Pyrénées-Orientales (40’) 15h
La valeur patrimoniale des sources documentaires Christine Langé, Directrice des ADPO (45’)
15h30
Pause café (20’)
16h
Transfert en bus à la Maison de la Generalitat de Perpignan (30’)

16h30

Temps et Espace à Portbou: Mythologie, mémoire et usage public de l’Histoire à l’ère de l’Information Garikoitz Gómez Alfaro, spécialiste de la mémoire populaire et des cartes cognitives de la mémoire (45’) 17h
Séance du travail animé par Enric Pujol, Alain Battegay et Ruben Doll (60’)
18h10
Pause café (20’)

18h30

Projection "Photojournalisme & Retirada. L'exemple de la couverture de l'événement par Wide World Photo for The New York Times", recontextualisation historique du reportage de PHOTO N.Y.T présentées par l'exposition "De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times" Eric Forcada, commissaire (30’)

SAMEDI 11 OCTOBRE

8h30

Transfert en bus à Portbou (60’)

9h30

Visite au Mémorial de Walter Benjamin à Portbou (60’) 10h30
Transfert en bus à Cerbère (10’)
11h
Hôtel Belvédère du Rayon Vert
Projection de deux films documentaires:
- Cerbère (La Frontera) 2009, de Olivier Moulaï
- 0.80 Square Metres (contemporary experiences of political imprisonment and the conditions in the concentration camp) 2012, de Kristina Norman
et débat avec les auteurs
12h

Hélène Hatzfeld, Madeleine Claus, Nicolas Marty et Jordi Guixé
13h
Clôture du séminaire
Hélène Hatzfeld, Nicolas Marty
14h
Repas (60’)
15h
Transfert en bus à Perpignan (60’)

Séance 1: “Mémoires et patrimoines dans les

espaces publiques et musées”

Séminaire MEFROP Mémoires d’Europe aux Frontières des Pyrénées

*** Une exposition rappelle la présence de 135 journalistes lors de la Retirada

Un "Visa pour l'Image" dès 1939 en Roussillon

Lundi 15.9.2014. 21:45h

Le photojournalisme mondial célébré depuis 1989 par le festival Visa pour l'Image, à Perpignan, n'est pas nouveau. La relecture de l'arrivée massive de républicains espanyols en territoire français, en 1939, montre l'envergure des moyens déployés par la presse internationale en Roussillon. L'exposition "De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times" aborde les faits sous l'angle du photojournalisme.

Un "Visa pour l'Image" avant l'heure s'est produit dans les Pyrénées-Orientales en 1939, selon le récit de l'exposition "De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times". Son commissaire, Eric Forcada, ôte sa primeur au festival international du photojournalisme, précédé de l'événement signalé par l'afflux des 500.000 républicains espagnols en Roussillon. Ce premier déplacement de masse observé en Europe a occasionné une "crise sanitaire de premier ordre" et "trois immenses camps de concentration" sur la côte roussillonnaise, souligne ce Perpignanais, découvreur d'oeuvres réalisées par les peintres sud-catalans lors de leur exode. Une sélection de 42 clichés est à voir à la Casa de la Generalitat, à Perpignan, jusqu'au 20 décembre.

135 journalistes en Roussillon

Fin janvier 1939, l'épisode historique de la Retirada a attiré en Catalogne du Nord un pool de 135 journalistes, un effectif dont l'importance n'avait encore jamais été révélée. Cet intérêt accru de la presse mondiale octroie un relief nouveau à un Pays Catalan alors placé sous les projecteurs internationaux. L'exposition, composée de clichés transmis aux agences Wide World Photo for The New York Times, Fulgur et Keystone, montre un territoire brièvement planétarisé, dans des dimensions insoupçonnées. La force de diffusion prendrait presque le dessus sur les documents. Elle raconte comment les photographies prises à Cerbère, Port-Vendres, Le Perthus, Saint-Laurent-de-Cerdans ou Bourg-Madame sont envoyées par les studios du photographe Augustin Chauvin, depuis le Boulevard Clemenceau de Perpignan, à l'antenne parisienne de l'agence américaine Wide World Photo for The New York Times. Le Roussillon, théâtre de l'après-guerre d'Espagne, s'imprime à grande échelle à l'autre bout du monde. Il reçoit l'Américain Robert Capa, icône du photojournalisme, que le magazine Life croit tombé sous les bombes de Barcelone. Le bureau parisien annonce par télégramme "Capa sain et sauf à Perpignan". La notoriété passagère de la capitale du Roussillon et le lien entre le photojournalisme et la Retirada affleurent désormais au travers de cette contribution.

**** Simone SALGAS :

LA LIBRAIRIE TORCATIS vous invite à rencontrer SIMONE SALGAS

pour son dernier roman paru aux édition TDO L'HORTENSIA

Le Mercredi 8 octobre à partir de 18h00, présentation par Gérard Salgas

La vieille Hortense, surnommée l'Hortensia, est retrouvée inanimée un matin dans sa maison au bout du village, et hospitalisée. Chez les habitants, la rumeur se réveille alors, enfle et s'installe dans les esprits: la vieille cache un trésor! Mais quel trésor?

Proches, moins proches, chacun rêve, s'interroge et fantasme sur ce magot. Mais c'est une richesse inattendue qui va surgir, une richesse distillée au gré des paroles de l'Hortensia, au gré d'écrits découverts par hasard...

Chemin de 'exil (La Retirada)

Chemin de 'exil (La Retirada)

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 09:59
décapitation
décapitation

* dessin (P. Kuczynski)

Polish illustrator Pawel Kuczynski cleverly uses satire to portray today’s social, political and cultural reality. At first sight, his illustrations might seem funny, but when you look closer, they actually show some serious problems of today’s world www.pawelkuczynski.com

Les barbaries et les images cachées de l'Amérique

Les USA occultent les images des actes barbares dont ils sont responsables.

L'Amérique, le cinoche, Hollywood, ses stars, son luxe, sa vie bling-bling, on sait tout ça et ça nous étonne, et on va voir les productions d'outre-Atlantique…

Ce continent est le plus grand producteur d'images, et la côte ouest abrite une énorme industrie d'imageries destinées au commerce et à la promotion de l'image de marque des Etats-Unis…

Cependant, nous savons aussi, depuis la destruction des tours jumelles (une ville, un pays peut être mortels), les dégâts collatéraux (euphémisme pour cacher la mort de nombreux civils), lors de bombardements en Afghanistan, en Irak ou en Syrie) que les USA censurent les reportages qui montrent leur faiblesse et occultent les images qui témoignent de leurs graves erreurs, et de leurs fautes…

Or, les Djihadistes, fanatiques islamistes montrent l'instant précédant la mort d'un Américain, sous une forme jugée "barbare", la décapitation, et cette image est obscène… En revanche, les bombardements sur les territoires moyen-orientaux ne peuvent pas être condamnables ou obscènes puisqu'ils ne sont pas montrés !

Guerres, expéditions hasardeuses, aventures militaires pour conforter les positions occidentales et américains sur tous les théâtres du monde… Misère, destruction, exils, déportations de milliers de pauvres gens innocents… Mais "The show must go on !"

En effet le spectacle continue !

Et il n'a jamais cessé : regardons un peu en arrière…

Ce vaste territoire envahi par les Européens s'est construit au prix du génocide des Indiens : on concède à leurs rares descendants quelques réserves… Ensuite, la prospérité s'est développée grâce à l'essor de l'esclavage… Indiens, Noirs, immigrés venus de l'Amérique latine : la démocratie américaine, grande et noble souvent, s'appuie sur les béquilles d'un racisme généralisé, sur la corruption, l'action maléfique des maffias, la violence des bandits et des marchands de canons…

Les USA ont longtemps joué les gendarmes du monde; leur hégémonie est incontestable; guerre et pouvoir sont les révélateurs de leur solitude : ils ont éliminé les peuples autour d'eux et, à présent, ils se sentent seuls, et mal considérés. Ce "manque d'autre", décrit par des romanciers critiques, désabusés et cyniques, ou des cinéastes tels que Tarantino, Coppola, Nicolas Ray, Jim Jarmush…montre que les USA ont besoin d'un pays du mal pour exister, faire la guerre et tester les innovations de l'armée…

En clair, il leur faut des "barbares" pour se convaincre du bien-fondé de leur action et de leurs valeurs (dollar et religion mêlés), de la réalité de leur existence; ils ont besoin de savourer leur main mise sur le monde, en testant leurs armes, en les vendant, en diffusant leur image de marque : continent novateur, à la pointe de la mode, des arts, de la recherche, de l'exploration de l'espace, de la construction militaire, de la production de films…

Et un président métis ou noir n'y peut rien, trop dépendant des lobbies et des sommes énormes qu'il a reçues et donc acceptées lors de sa campagne électorale...

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 09:58

Cet article est reposté depuis Commémoration François de Fossa.

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 10:26
barbarie
barbarie

Nous sommes tous des "barbares"

A la fin du XX° siècle, des intellectuels ont créé "L'Académie universelle des cultures" : ils s'étaient assigné pour objectif de penser le XXI° siècle, et, en particulier, le métissage des civilisations et la lutte contre l'intolérance... Impuissance des intellos engagés... On voir où l'on en est : guerres, tortures, terrorisme, barbaries en tous genres...

Barbarie, parlons-en ! Les médias occidentaux n'ont que ce mot à la bouche, à la plume, à l'image...En effet, depuis que des extrémistes islamistes ont égorgé devant une caméra, pour une information spectaculaire mondiale, nos yeux se sont effrayés...

Comme l'écrivait William Golding, "Le mal absolu est au coeur de l'Homme."

"Barbare "signifie " Celui qui ne sait s'exprimer." Pour les Romains, c'était "l'étranger", celui avec qui on ne communique pas; en effet, le dialogue est impossible entre les Occidentaux et les intégristes musulmans. La seule solution c'est tuer, éliminer...

Or ces djidahistes savent ce qu'ils font; ils croient lutter pour leur vérité, un idéal religieux, qui leur montre les atrocités coloniales et guerrières des Occidentaux depuis des siècles : Moyen-Orient, Afrique exploitées pour leurs richesses naturelles, Américains utilisant le napalm au Viet-Nam, après avoir opéré un génocide des Indiens, Espagnols et Portugais décimant les Amérindiens au nom de la religion chrétienne, Français torturant en Algérie et répondant à la "barbarie" des militants du FLN…Litanie des barbaries sous tous les cieux, et ne parlons pas des nazis et des camps de la mort staliniens ou khmers...

La barbarie n'est donc pas une pratique neuve, contemporaine; ce qui est nouveau, c'est son aspect médiatique : montrer l'horreur dans une mise en scène macabre. Le "spectacle" donné à voir à la télévision est plus horrible que l'événement lu, raconté dans le journal : l'image est toujours plus insoutenable, c'est pour cela qu'elle est censurée par la quasi totalité des médias.

Nos commentateurs et nos dirigeants semblent découvrir la "barbarie"; et le bon peuple est révolté, à la suite de leurs commentaires et de leurs cris de "vierges effarouchées"; or le crime barbare marque l'Histoire des hommes : sans remonter à la préhistoire où régnait la loi de la jungle, ni l'Antiquité, où esclaves et prisonniers mouraient lors de la construction de monuments admirables, on peut parler des guerres de religions en France (la Saint-Barthélémy), des massacres vendéens et de la guillotine durant la Révolution, des exactions lors des guerres coloniales : viols, tortures, destructions de villages entiers et monstration de ces actes barbares…Des photos montrent encore les criminels exhibant leurs trophées : victimes innocentes souvent (villageois, jeunes filles violentées) même si le contexte de la guerre permet la barbarie et le non-respect de la loi et des valeurs humaines….A la guerre, tout est permis ! Et les Djidahistes sont en guerre ! (ceci n'est pas une excuse, bien sûr, mais ils ne font qu'utiliser des méthodes ancestrales…) !

N'oublions pas non plus que la "barbarie" montrée en place publique était acceptée par tous, lors de décapitations de traîtres, à l'issue de la seconde guerre mondiale : épuration et vengeances barbaresques en tous genres. On décapitait parfois un innocent…comme les terroristes islamistes le font aujourd'hui, au nom de leur croyance...

JPBonnel

- - - document : Barbarie disent-ils…

Les décapitations filmées d’otages occidentaux en Irak et d’un randonneur français en Algérie suscitent légitimement un sentiment d’horreur et une condamnation unanime et sans appel. Ces assassinats insensés ne peuvent être le fait que de criminels pervers au service d’une idéologie déviante. Ces mises en scène macabres viennent à la suite d’images tout aussi insoutenables montrant des exécutions de masse d’hommes désarmés. L’émotion produite par ce théâtre de la cruauté est cependant froidement manipulée par des médias et des relais politiques en Occident. La qualification sans cesse reprise de « barbaries », perpétrées par des « barbares », répond à la volonté de déshumaniser les auteurs de ces atrocités. Hors du limès de la Civilisation, ils ne relèvent plus du droit commun et ne sont plus passibles des lois ordinaires. Il s’agit pour la propagande blanche, conforme à ses usages établis et ses traditions éprouvées, de dénoncer l’irréductible barbarie de « l’autre » présenté comme totalité indistincte pour mieux soumettre ou exterminer, au-delà des criminels, toute une société. Ou comme dans les cas de l’Irak et de la Syrie de détruire des Etats.

Ces assassinats médiatiques sont représentés par les organes de propagande comme des actes irrationnels d’une radicale altérité, quasiment non-humaine. Mais bien davantage, des échelles du Levant à celles de Barbarie, ces atrocités seraient inhérentes à une sphère ethnico-religieuse, l’Islam, qui malgré des nuances langagières, reste intrinsèquement dangereuse, quasi-incompréhensible et systématiquement opposée à un Occident dont, par essence et définition, les valeurs humanistes sont définitivement supérieures à toutes les autres.

Dans un amalgame éhonté mais clairement assumé, les musulmans d’ici et d’ailleurs, suspectés de connivence « culturelle » avec les assassins, sont sommés par des policiers de la pensée de se désolidariser publiquement de ces crimes. Il leur est enjoint d’approuver la nouvelle guerre moyen-orientale de l’Occident et les bombardements « vengeurs » décidés par la Civilisation.

Ces arguments d’une propagande essentialiste visant à diaboliser des communautés toutes entières sont odieux et totalement ineptes. Cette propagande de stigmatisation et de culpabilisation est d’autant plus inacceptable que ces journalistes-procureurs seraient particulièrement bien placés, s’ils faisaient leur métier, pour évoquer, en spécialistes, la sauvagerie systématique et des exactions d’une ampleur sanguinaire inouïe de ceux dont les armes se tournent contre les populations arabo-musulmanes depuis des décennies.

Ces journalistes, qui martèlent le mot de barbarie, qu’ont-ils écrit sur les centaines de milliers de morts civiles en Irak, sur le recours au phosphore blanc et aux munitions à l’uranium appauvri contre des populations civiles ? Qui parmi ces parangons de la Civilisation a évoqué le sort de ces dizaines d’enfants mal formés à Falloujah et ailleurs du fait de l’utilisation d’armes interdites ?

A-t-on entendu des cris d’indignation de la part de cette presse au garde-à-vous, lorsque la très civilisée Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’état américaine, justifiait la mort de cinq cent mille enfants irakiens ? Qui de cette presse ou de ces chaines de télévision s’est insurgé devant le fait que dans ce pays des droits de l’homme des criminels au moins aussi sadiques que ceux de l’Etat Islamique puissent mourir dans leurs lits grâce aux amnisties et à l’amnésie d’Etat ?

Mais il n’est nul besoin de remonter aux guerres coloniales au nom des « Lumières » de la génération précédente pour reconnaitre une même sauvagerie contemporaine, tout aussi indécente, qui se drape des valeurs de la Démocratie et des Droits de l’Homme. Barack Obama, prix Nobel de la paix, peut ainsi mener sept guerres depuis qu’il a reçu cette distinction qui a définitivement perdu toute signification morale. Qui parmi ces médias évoque les dizaines de milliers de victimes innocentes des frappes de drones à travers le monde ? La mort, sous les missiles guidés et les bombes « intelligentes », de cinq cent enfants de Ghaza n’est -elle pas une « barbarie » ? Tout comme les bombardements d’écoles gérées par les Nations Unies seraient tout au plus les dégâts collatéraux de frappes chirurgicales. Il est vrai que sans images et ensevelis sous la mystification et le silence complice des journalistes de l’infotainment, les dizaines de milliers de morts des guerres asymétriques n’existent pas. Pures statistiques, les cadavres déchiquetés de pauvres et de désarmés ne suscitent aucune émotion.

Il n’est donc nul besoin d’effectuer de minutieuses recherches pour découvrir que la réalité de la « barbarie » est fort différente de ce que cette presse en battle-dress veut faire accroire. On ne tentera pas non plus d’établir ici la généalogie politique de l’Islamisme fanatique fabriqué par les monarchies du Golfe et armé par l’Occident. Qui se souvient des missiles français Milan, des armes anglaises et américaines généreusement fournis aux « moudjahidine » afghans, hier freedom-fighters et aujourd’hui talibans extrémistes ?

Les mises en scène d’assassinats abjects dans des circonstances horribles par des psychopathes apolitiques ne peuvent, en aucun cas, servir de prétexte à des manipulations haineuses. Le discours sur la barbarie asséné par les relais de propagande, destiné à désigner de faux ennemis intérieurs, vise à faire taire ceux parmi les musulmans en Europe qui dénoncent les aventures guerrières au Moyen-Orient. A faire oublier ceux commis par les alliés de l’Occident. Et également, en jouant sur la peur à jeter en pâture des minorités visibles « d’apparence musulmane » à une opinion matraquée que l’on cherche à conditionner depuis des années. Ces gesticulations autour d’une soi-disant barbarie musulmane ne parviennent pas à masquer la vérité sanglante d’un Occident colonialiste hier, impérialiste aujourd’hui, qui assume sans discontinuer depuis le dix-neuvième siècle ses guerres éminemment civilisées et très sanguinaires dans le monde arabo-musulman. Les criminels de l’Etat Islamique ont été à bonne école.

Dans le dispositif éprouvé de préparation psychologique, la barbarie de l’autre est la justification ultime de la guerre. Or, les « guerres » éternelles contre le terrorisme, engagées depuis des dizaines d’années, loin d’avoir endigué le phénomène, l’ont généralisé et complexifié. Il ne fait guère de doute, à la lumière de l’expérience, que le refus d’approches politiques et la fascination pour la guerre manifestée par les dirigeants occidentaux, outre une dangereuse régression du droit international, ne produira qu’un surcroit de subversion.

Les premiers et les pires barbares sont parmi nous.

FONDATION FRANTZ FANON
27 septembre 2014 - (lundi 29 septembre 2014)

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 11:08
Blanès
Blanès

Vue de Blanès (photo Jean-Pierre Bonnel)

* Hedwige Jeanmart nous parle de Blanès, dans son roman Blanès, paru chez Gallimard, à cette rentrée 2014 encore embouchonnée de 800 récits, qu'on ne lira pas...

Elle nous décrit cette station balnéaire du sud de la Costa Brava, assez insipide, à l'exception de ses jardins maritimes "Mar i murta", où vécut l'écrivain chilien Roberto BOLANO (2953-2003); à noter pour la petite histoire locale, que notre directeur de L'Archipel à Perpignan, un certain Reixat, est né à Blanès...

L'héroïne, Eva, retourne dans la petite ville marine, sur les traces d'un amour perdu… Voici un roman sur la tristesse, qui mériterait un coup de pouce des médias, mais...

**Lydie Salvayre, la Toulousaine, nous parle dans son dernier livre Pas pleurer (Seuil, 2014), de la guerre civile espagnole. Elle donne la parole à sa mère Montse, qui raconte la révolution perdue de 1936 en Catalogne : elle célèbre la révolution libertaire, dans sa langue populaire, faite de catalan et de français, et elle dit sa haine des notables franquistes et bourgeois qui l'ont humiliée, chassée, exilée...

L. Salvayre se fait l'intermédiaure ente la voix espagnole de la mère et la voix off, implicite, toujours présente du Bernanos engagé, catholique happée par l'horreur des "Grands cimetières sous la lune"… Ce roman de la langue et du vrai, de la nostalgie et de la fidélité à une idéologie anarchiste authentique, fait renaître la jeunesse lointaine et une vie brisée par l'horreur d'une Histoire violée par les fascismes du XX° siècle...

*** Littérature catalane et d'expression française à Elne :

voici un article que j'avais écrit en 2012 ou 2013, à propos d'une rencontre à Elne :

Danielle Riffaud a fêté, le 25 février dernier, à Elne, son départ à la retraite et les dix ans de la bibliothèque municipale : celle-ci n'a pas été baptisée...parce qu'elle se trouve en terre communiste ou parce qu'on n'y a pas pensé..? Donnons-lui le nom du poète du pays, Gaby Escarra ou celui de l'infirmière suisse de la maternité...

Joan-lLuis Mas a dressé, en une heure, l'histoire de la littérature catalane, depuis les textes fondateurs (Tirant le Blanc, Llull Ramon, traduit par Patrick Gifreu ou la saga de CANIGO par Jacint Verdaguer) jusqu'aux textes novateurs deLuis-Anton Baulenas, Joan-Luis Lluis et Joan-Daniel Bezonoff, absents, hélas, mais ils goûtent peu les goûters des mercredis après-midi...Etaient présents Miguel Martinez (La Retirada en Algérie), Jaume Quéralt, Miquella Vaills, Eliane Comelade, Joan Peytavi-Deixona et les plus grands, l'érudit Pere Verdaguer dont le manuel de grammaire, vieux de 50 ana est toujours, paraît-il, d'actualité et dont les romans de science-fiction sont quelque peu méconnus...et puis celui à qui l'on souhaite le prix Nobel de littérature : Jordi Pere CERDA (Antoine Cayrol le poète, le romancier, l'auteur dramatique, l'ancien libraire, le vieux Résistant, l'antique boucher de Cerdagne, l'homme si gentil et si serviable qui me reçut si souvent).

Etaient là aussi, dans le local trop étriqué, Hélène Legrais et Marie-Claire Baco-Baeza, qui écrivent pourtant en français, mais il est vrai que des auteurs de Catalogne et d'expression française ont été évoqués : on a débordé le sujet en citant Louis Codet (publié chez Gallimard) et Claude Simon (Prix Nobel), en oubliant Claude Delmas (hélas), Claude Massé (bis repetita) et Robert Brasillach (là, on a eu raison, même si la Catalogne est évoquée dans ses romans décadents)... De même que fut omis, entre autres Catalans de rude souche, Joan Morer, le poète rivesaltais récemment disparu : on aurait pu, pour l'occasion, verser une larme de nectar ambré...

On avait voulu entendre plus de textes, on avait tendance à se dire que cette réunion était plus amicale que littéraire, plus fermée qu'ouverte : le public extérieur n'est pas venu et les personnes qui venaient emprunter des livres se demandaient quelle sauterie avait lieu là...On se demandait si la littérature catalane était encore vraiment lue et on se disait qu'il faudrait plus de traductions, messieurs les éditeurs, qui n'étiez pas au rendez-vous...

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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 15:55
Monastir del Camp
Monastir del Camp

* Perpignan n'aura donc pas, cette année encore (et demain soir dimanche), sa nuit blanche… C'était pourtant bien l'idée de l'adjoint à la culture : reprendre l'idée parisienne pour Perpignan… Mais des problèmes techniques, sans doute, et un manque de financement… Auusi peut-être la difficulté de mi-obiliser artistes, créateurs, plasticiens, etc…quand on connaît le mécontentement né de la perspective de la liquidation de l'Ecole des Beaux-Arts… Là, quand on pense à ce problème, c'est une vraie nuit blanche… Alors, contentons-nous, ce WE, de la parole de Jaurès (ça peut pas faire de mal) et d'un concert gratuit à Monastir del Camp (ça ne peut faire que du bien !)… On a les nuits blanches qu'on peut !

* Dimanche 5 octobre - 17h30

au THÉÂTRE DE LA RENCONTRE
31 rue des Romarins -Saint Martin

« Jaurès, une voix, une parole, une conscience »,
Inspiré des discours de Jaurès, ce spectacle s'inscrit dans le cadre de la célébration de l'Année Jaurès
interprété et mis en scène par Jean-Claude Drouot.


Jean Claude Drouot, acteur protéiforme et toujours inspiré,généreux et puissant de tendresse,
endosse au Théâtre de La Rencontre le rôle de Jean Jaurès.
Drouot est plus qu'un comédien, il est un fantastique conteur incarné pour déployer les plus belles facettes de Jaurés
Il nous raconte à travers sa correspondance, ses écrits dans les journaux et ses différents discours. la vie de ce grand homme, de son intimité à la vie politique jusqu'au funeste 31 juillet 1914, jour de son assassinat, rue du Croiss
ant !

Propos d'acteur :

C'est une vraie responsabilité de penser que je suis assez crédible pour aller au rendez vous de ce grand personnage.

C'est un bonheur extraordinaire de l'incarner car dans tout ce qu'il a dit ou que j'ai lu,

il n'y a aucun endroit pour lequel je tiquerai ou ne serai pas d'accord.

A chaque fois, il m'embarque.

Dans mon métier, nous sommes des hauts parleurs ... et être des hauts parleurs de ce type là est une fierté.

La parole de Jaurès fait du bien.

Jaurès est cosmique, panthéiste.

C'est un homme bon !

Il nous dit d'avoir du courage, qu'il ne faut pas désespérer de l'homme et de l'humanité.

Il faut travailler sur cette parole d'espérance.

**

- - Musique sacrée : B. Marcello, J.-H. Fiocco
Chapelle du Monastir del Camp à Passa
Concert de l’Ensemble Millefiori
Le dimanche 5 octobre à 17 heures Entrée libre

Deux derniers concerts viennent conclure
une longue et belle saison artistique 2014
avec talents, amitiés artistiques et générosité

Une passion commune pour la musique ancienne réunit les chanteuses Nathalie Chenu (soprano), Françoise Erre (mezzo) et les instrumentistes Elisabeth et François Picard (clavecin et violoncelle baroque). Pour son premier concert, l’ensemble Millefiori vous propose des pages injustement méconnues du vénitien Benedetto Marcello : trois de ses Salmi, publiés en 1724 - 1726 et composés sur des paraphrases italiennes des Psaumes bibliques. En contrepoint, Millefiori interprétera une Lamentation de Jérémie du compositeur belge d’origine italienne Joseph-Hector Fiocco, dans la grande tradition française des « Leçons de Ténèbres » illustrées par François Couperin, Marc-Antoine Charpentier et bien d’autres.

*** Réservations : les Amis du Monastir tel : 04 68 38 71 24

****Concert de l’Ensemble des Cadences Parfaites

Le dimanche 12 octobre à 17 heures Entrée libre. (photo : Monastir del Camp)

Dimanche 5 octobre - 17h30
au THÉÂTRE DE LA RENCONTRE
31 rue des Romarins -Saint Martin

« Jaurès, une voix, une parole, une conscience »,
Inspiré des discours de Jaurès, ce spectacle s'inscrit dans le cadre de la célébration de l'Année Jaurès
interprété et mis en scène par Jean-Claude Drouot.


Jean Claude Drouot, acteur protéiforme et toujours inspiré,généreux et puissant de tendresse,
endosse au Théâtre de La Rencontre le rôle de Jean Jaurès.
Drouot est plus qu'un comédien, il est un fantastique conteur incarné pour déployer les plus belles facettes de Jaurés
Il nous raconte à travers sa correspondance, ses écrits dans les journaux et ses différents discours. la vie de ce grand homme, de son intimité à la vie politique jusqu'au funeste 31 juillet 1914, jour de son assassinat, rue du Croiss
ant !

Jaurès

Jaurès

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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 09:24
Catherine Millet
Catherine Millet

Catherine mouillée, par Vincent Corpet ©Gallimard

Catherine Millet, prix des Vendanges littéraires (Rivesaltes, 4,5 octobre 2014 -

Directrice de la revue Art Press, Catherine Millet raconte son « Enfance de rêve » dans un milieu modeste. Après « La vie sexuelle de Catherine M. » et « Jour de souffrance », elle avance dans la compréhension de ce qu’elle est, de ce qui l’a fait, de ce qui explique peut-être ses émotions d’aujourd’hui, ses sentiments, ses pulsions et ses préférences culturelles. (« Une enfance de rêve », Flammarion).

* à signaler : C.M. inaugurera lundi 10 octobre, à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, le nouveau cycle de lectures et de conférences consacrées aux écritures féminines (animées par Le Monde des Livres et France Culture)

- - - Enfance :

Je poursuis le compte-rendu de mes grandes lectures estivales. Voici C. Millet, dont j'ai parlé à plusieurs reprises (sur la vie sexuelle de Dali, sur sa venue à Perpignan, grâce au CML, sur son époux Jacques Henric : dialogue au café de la Poste...).

Elle nous avait habitués, la directrice d'Art Press, à des récits libertins et dynamiques...Mais ici, à part quelques touches sur l'éveil sexuel de l'enfant...

Avec le récit autobiographique qu'elle publie cette année chez Flammarion, le lecteur est face à une écriture lente, classique, étudiée et belle jusqu'à l'ennui... Pas d'écart de langage, pas de volonté de faire du style, d'inventer des images, de chambouler la syntaxe. Seule semble compter la vérité de l'enfance à dérouler sans chapitres, sans froufrous...

C.M. raconte ses premières fois, sa découverte de la vie, les portraits des membres de sa famille. Surtout elle essaie de comprendre "comment on peut grandir sans se fabriquer une morale."

C'est sans doute le passage sur les lectures de l'enfant et sur son désir d'écrire qui est le plus intéressant : à la page 106 : "Je mettais en place le pouvoir des mots sur moi-même. On peut manquer d'un toit, d'un amour, de tout, mais ne pas disposer des mots qui désignent sa souffrance est à mes yeux le malheur extrême…"

Un peu plus loin, elle s'identifie à Cosette et fait référence à David Copperfield, pour raconter les ennuis de la vie domestique et les déchirures familiales, la mésentente de ses parents.

La naissance de l'écriture est partout. Catherine Millet a toujours eu la certitude qu’elle écrirait, un jour. Elle commence à mener une "vie dédoublée", faite de matière réalisée et de matière rêvée, dès son plus jeune âge. "La fiction avait fonction d’une cachette que je transportais avec moi comme la tortue sa carapace qui la protège."

J'aime ce passage sur Collioure, où la mère louait un deux-pièces près du boramar et des anciens remparts (Catherine parle d'ailleurs du vieux ciné installé à cet endroit) :

La famille est en vacances. Dans les alentours de Collioure, lors d’une promenade à pied, le frère perd son canif. Il s’en aperçoit, le soir, une fois rentré. Ils décident de refaire ensemble la route, le lendemain, dans l’espoir de retrouver le petit objet sans doute tombé de la poche du frère. Cela tiendrait du miracle. Ils vont pourtant le retrouver. Catherine Millet revient sur ses pas et réinvestit la noirceur de l’enfance...

- - -

Catherine aime

Quand nous l’avons rencontré, au mois de juin 2000, au pied du Castillet, à la terrasse du café des vieux Catalans, nous ne pensions pas que Jacques Henric préméditait un livre sur des photos de nus, jumelé à celui de sa compagne Catherine Millet, et que son livre Légendes (1) créerait, un an plus tard, l’événement, ferait l’actualité du livre, un succès éditorial et médiatique énorme ! Il était venu sans sa femme, mais, tout en parlant, il se rappelait sans doute le moment agréable qu’il avait passé ici :« Assieds-toi sur la banquette en moleskine du Café de la Poste, la jupe à hauteur du sexe. Encore un petit effort, à peine un centimètre et la culotte, ou l’absence de culotte. » (2)

Nous parlâmes sérieusement de ses livres, de Tel Quel, du milieu littéraire parisien, et de frontières, d’un projet de revue, de lieux de d’artistes d’ici… Il nous autorisait à publier des extraits de son roman consacré à la Catalogne, dans lequel il parle de Port-Bou, de Walter Benjamin, de Picasso à Collioure, de Dina Vierny et de Maillol…(3) Il allait nous procurer un texte de Sollers sur le sculpteur de Banyuls, un autre de Philippe Muray, sur Soutine. Il le fit, très vite, par lettre, l’aimable, sympathique et modeste J.Henric : à se contenter de l’écouter, on le prendrait pour un homme commun ; l’incurieux devrait se diriger vers ses écrits pour peser l’intensité de provocation –mêlée à l’érudition et au travail d’écriture- qu’ils renferment ; il n’y a guère que son éternelle veste en cuir noir de motard anarchiste pour suggérer que cet homme n’est pas aussi lisse et gentil qu’il veut bien le montrer…

Il aurait pu nous dire que « la bitation des femmes », c’était fleur bleue par rapport aux photos de C. Millet, prises -femme et images- dans des lieux publics comme une gare, un cimetière…Ces « légendes », au sens latin de « ce qui doit être lu », semble inviter tout de même le lecteur du côté de la fiction, du « mensonge » ; mais non, il ne s’agit même pas de « mentir-vrai », pas de frontière flottante entre l’imaginaire et la réalité : à Bouillon de cul, l’émission de Bernard Pinot, brave Bouddha toujours prêt à s’égriller quand on cause de la pination des femmes, le couple a insisté pour affirmer que tout ce qu’il venait de publier, c’était bien vrai : « Tout est absolument exact ! » Si cette Vie sexuelle de Catherine Millet (4), c’est bien réel, alors c’est un témoignage, c’est la vie, il faut le lire ; et ces Légendes, ce sont des photos, donc c’est authentique, il faut les voir ! Ces histoires, racontées froidement et sereinement, par ce couple d’amoureux sincères, qui ont une double, voire une triple vie, paraissent alors extravagantes, scandaleuses : le réel est plus extraordinaire que la fiction ! (5)

En effet, C.Millet, directrice de la revue Art Press, auteur de livres importants sur l’art contemporain, s’expose, con, expose son con, cette « origine du monde » courbettienne, racontée naguère par son complice (6). La « putain de l’art contemporain » (7) se raconte en mots, tandis que J.Henric la montre en photos : ainsi se confirme le célèbre slogan de « Paris-Match », ainsi s’affirme la réalité des mots. Belle stratégie commerciale que ce jumelage éditorial, que ces participations à deux voix, à deux corps, à d’innombrables émissions plus ou moins cultu. C’est la publication conjointe de deux points de vue différents sur le phénomène sexuel ; d’un côté , le livre « sadien » de C. Millet, recensant sèchement, objectivement, sa participation active à de multiples partouzes : un lecteur pressé pensera qu’il s’agit là de la prostitution d’une femme du monde; d’un autre côté, le livre rétinien et « esthétique » de J. Henric, livrant une vision sage et érotique de sa dame, paradoxalement toujours seule, ici, à l’exception de la situation « à la motarde » de la page 173… Chez Catherine, c’est la multitude des partenaires, le lieu privé, la nuit des arrière-salles des maisons de rendez-vous. Chez Jacques, c’est le couple de l’état civil réuni dans l’acte créateur (le modèle et l’artiste photographe) débouchant le plus souvent dans l’acte sexuel (8) –mais ceci n’est pas montré- ; c’est le lieu public ; c’est le plein soleil de la Catalogne, des Corbières aux Pyrénées ; souvent, aussi, des lieux en marge, de mort et de rebut : carrières, casses automobiles, décharges -aux connotations si sexuelles !-, et cimetières où l’on recherche sans doute la « petite mort »…Lieux laids, en outre -car la quête de la beauté n’est plus de mise dans l’art moderne, et c’est même, désormais, une démarche réactionnaire-, où la chair semble triste, à en juger par le visage impassible et sans plaisir de Catherine, qui « tire une tronche d’enterrement » (8) Alors, en vérité, qui tire, qui tronche ? Qui triche, qui mensonge.. ?

Le public, aguiché, a été trompé, et c’est tant pis pour lui : les imbéciles voyeurs de cochonnes et frotte-stories en sont pour leur frais, ils ont été fourvoyés. S’attendaient à des situations scabreuses, n’ont que des love-machines, des robots à baiser, les mille et un ennuis des gestes répétitifs dépourvus de sentimentalité; en vérité, C. Millet sépare sexe et sentiment, sensuel et cérébral, érotisme et morale. Veut crier au scandale, le lecteur, afin de juger, de moraliser en rond ; or, ces valeurs axiologiques n’ont pas lieu d’être, pas de transgression ni d’interdit, ici ; on est plongé dans un monde en marge du monde et de ses ordres juridiques, religieux ou politiques ; il s’agit d’un monde à la fois réel et utopique : la partouze est la communauté la plus démocratique et anonyme qui soit puisque titres, signes extérieurs de richesse et attributs vestimentaires sont abandonnés pour offrir des corps égaux et nus à la caresse ou à la maladresse d’autrui : Sainte Catherine fait sienne cette parole christique « fais don de ton corps afin de racheter toute la méchanceté des hommes » ; elle ouvre son corps puisque tous se donnent aux autres. Cette société secrète préfigure bien l’utopie de la société du nouveau millénaire à inventer. C. Millet ne choque pas; certes, elle recherche son propre plaisir, aussi, mais elle fait souvent preuve de courage, risquant de mettre en actes et en mots ses plus violents fantasmes; elle vit, avec J. Henric, la littérature que tous deux défendent, depuis plusieurs décennies, de Tel Quel à L’Infini, c’est-à-dire les œuvres de Laclos, Sade, Bataille, Joyce, Artaud, Genet, Guyotat…C. Millet écrit une littérature matérielle, ou matérialiste : elle agit, elle s’efface, gomme sa personne, sa subjectivité.

Le sexe est montré, exhibé, claironné, dans un premier degré, mais, en fait, pour eux deux -et beaucoup d’autres, espérons-le !- le sexe, c’est la vie, c’est l’énergie créatrice : « Pour nous, l’art, la littérature et le sexe, c’est la même chose. » C. et J. ne célèbrent pas le sexe mercantile et la société du spectacle et de la consommation. Le sexe est révélé, mais il n’est pas l’essentiel, à l’opposé des livres ou des films pornographiques ; il n’est pas la vraie intimité ; l’intimité authentique, celle de l’amour, n’est jamais dite par les deux auteurs : c’est leur jardin secret, et le lecteur, le spectateur et l’éternel voyeur n’y entreront jamais.

Ils ont concocté deux livres qui abusent ces productions médiatiques, éditoriales et spectaculaires, qui ne cessent de nous abuser. D’une part, Catherine Henric produit un livre cochon, puisque la littérature veut des truismes, et le public désire une motivation susceptible de lui procurer un -bien pauvre- plaisir masturbatoire. D’autre part, Jacques Millet fabrique une sorte le journal intime, dans lequel il sécurise le lecteur en répétant que Catherine est son modèle, sa muse, son inspiratrice : « Trouver dans le réel quelqu’un qui alimente mon écriture, c’est important. », déclare-t-il. Il perpétue cette idée baudelairienne de l’histoire littéraire et artistique : l’homme est écartelé entre deux aspirations ; aimer la femme-corps, la putain, ou la femme-esprit, l’intellectuelle. Il célèbre celle qui a su réconcilier ces deux tentations. Catherine est à la fois muse et putain. A la fois Madeleine et Marie. Marie-Madeleine. Les personnages de romans et les modèles des beaux-arts sont des putains, ou ils le deviennent sous l’emprise dominatrice de l’artiste, comme l’a montré le film La belle noiseuse, dans lequel le peintre exploite le corps et l’âme de sa belle esclave ; une fois ces richesses épuisées, taries, le créateur va chercher un autre produit jetable : et c’est pourquoi Picasso le cannibale, le Minotaure, eut tant de maîtresses et d’épouses. Et c’est pourquoi on dit que l’artiste « croque » son modèle. Et c’est pourquoi Matisse écrivait : « Après la séance de pose, je b… le modèle ! ». Et c’est pourquoi Bernard Dufour –qui prêta ses mains à M.Picoli, dans le film de Jacques Rivette- exposa les « tirages » de ses ébats avec ses modèles, photos obtenues par le déclencheur de son Leica. ( 9)

C. et J. se seraient partagé les rôles; J. a le « bon », puisqu’il médite sur l’art, la photo, la littérature, et adopte, pour parler du sexe, une écriture distanciée. Il observe son modèle, en pleine action, dans l’univers du sexe. Face à une pratique, à laquelle il prétend ne pas participer, J. Henric nous offre une théorie de l’art et de la sexualité : de la vie, en somme : toute une sagesse.

Légendes de Catherine Millet, récit – Denoël – avril 2001 –

Légendes…p.57 –

L’habitation des femmes – roman – Le Seuil – janvier 1998 –

Le Seuil – avril 2001 –

Rappelons que la direction de M6 a qualifié son émission fétiche Loft story de « fiction réelle ».

Adorations perpétuelles –roman- Le Seuil – 1994 –

Article de Daniel Bougnoux, publié dans Le Monde du 30 mai 2001 –

Pierre Bottura - Chronic’art, sur le web – 22 avril 2001 –

Mes modèles, femmes-nues-à-l’atelier – Editions de La Musardine –

- - -

La souffrance de Catherine MILLET

Dans son nouveau livre autobiographique, C. M. (elle aime encore beaucoup dans ce livre !) retrace ses liaisons amoureuses et érotiques avant de tomber amoureuse de son mari Jacques Henric. Elle parle de son métier de critique d’art, des difficultés du début de sa carrière et de celles de la revue mensuelle Art Press dont elle est actuellement la directrice.

L’écriture est simple, limpide, comme classique ; on ne s’attendait pas à une telle analyse psychologique et à un style de cette qualité après les aventures sexuelles de CM, répétitives et roboratives. Son « nomadise sexuel » n’est qu’une expérience du corps, une « expérience des limites » : rien à voir avec l’amour, écrit-elle à la page 54 ; elle fait part de sa générosité sexuelle : cette philanthrope des boudoirs a beaucoup donné et parfois peu reçu ; cette altruiste du plaisir pensait plus à la jouissance de l’homme qu’à la sienne…

Les débuts de l’ouvrage sont passionnants car on comprend la genèse du précédent livre à succès et sa philosophie : « Mon corps s’est dissocié de mon être » ; elle l’a compris lors de l’écriture de La vie sexuelle de CM…Le but du livre était de décrire la mécanique secrète du corps en transe, « mettre au jour le maximum de situations et de sensations érotiques éprouvées par mon corps » (p.57) Des formules fortes et poétiques tentent de cerner le mystère du jouir : « je ne parviens à estimer véritablement le corps que dans son retrait : l’empreinte creusée dans le drap froissé, la place que je laisse vide… »

La deuxième partie du livre, consacrée à la jalousie, quand la femme des partouzes découvre que son époux a des liaisons, débute à la page 80, décrit la lente montée de la souffrance : l’infidélité de Jacques fait remonter le passé et tous les non-dits. Le mari acceptait, tolérait les parties fines de sa femme –en souffrant aussi, sans doute, mais ce n’est pas dit- et se venge en cachant des maîtresses, à Paris ou à Estagel, où le couple vient souvent l’été, pour les vacances (un exemple est abordé p.150 : Henric fait l’amour avec une certaine Dany, sur la route de Serrabonne). Catherine découvre les carnets intimes de Jacques et imagine les scènes « qui se déroulaient dans un cadre qui m’était familier (le jardin de la maison de Maillol à Banyuls, celui du Carrousel à Paris)… » (p.133)

Cette portion du livre consacrée au déchirement de la jalousie est moins passionnante et comporte deux belles incorrections (pages 19 et207, sur l’emploi du subjonctif). L’intérêt est relancé à la fin, avec la description des séjours chez le peintre Bernard (il s’agit de Dufour, à qui Jacques Henric a consacré un bel hommage ; aucun nom propre n’est cité, mais on aperçoit au passage des couples connus, comme les Dauré du Château de Jau…) ainsi que la déclaration lyrique de l’amour de l’auteur pour son mari et la définition du plaisir, qui, selon elle, n’existe pas « en-dehors de l’obscénité ».

Un beau livre, littéraire, psychologique et franc : sincère avant tout !

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 08:57
le musée DALI
le musée DALI

28 septembre 2014, le théâtre dalinien de Figueres a déjà quarante ans. J'étais à l'inauguration et le temps a passé comme une plume...

Ce dimanche surréaliste fut d'abord celui de la pluie, inlassable sur la petite ville catalane. Pourtant la population conviée à la visite du musée et à de nombreuses projections était nombreuse et une queue de parapluies montait dans les rues piétonnes...

Les fenêtres et les tiroirs du monument convient à l'ouverture des âmes et à l'invitation des coeurs. De l'esprit avant tout car Dali en avait. L'architecture est un labyrinthe d'intrigues et de surprises : elle est le chemin de l'inconscient...

"Objet surréaliste", selon son créateur, qui rend hommage à la science (Newton), à l'art académique (Meissonnier), à l'installation la plus contemporaine (télés sur le parvis) et à la pensée catalane, avec l'hommage à Francesc Pujol et à Ramon Llull… Ce théâtre, ce musée, cette architecture, ce mausolée (Dali est enterré sous la coupole et la foule le piétine sans cesse de façon aveugle et innocente !), le public l'arpente, par grappes de curieux humides, depuis le taxi pluvieux (c'est de circonstance) jusqu'aux étages de l'agora, où les jeunes filles s'humidifient au contact des insolences de la peinture...

Le public populaire du pays des figues molles anime ce réceptacle du défoulement, poursuit l'oeuvre en marchant, arpentant, sinon ce théâtre d'illusions, ce spectacle du monde, ne serait que pierres mortes…

On plonge dans le subconscient avec la figure du scaphandrier, hommage à Narcisse Monturiol, érigé sur la rambla petite de la ville désuète, comme une bourgade de province, même si Figueres est sortie de la léthargie du franquisme pour s'adonner à la plus violente vie contemporaine…

La coupole de la tour dédiée à Gala, la bien plantada, devrait briller de ses miroirs solaires et faire éclôre les oeufs où s'impatiente Castor et Pollux… Mais la pluie persiste…Et la nuit signe…le moment le plus insigne de quatre décennies de stupre et d'imagination !

On ne dira pas la laideur des béquilles ou la forme féminine des atomes d'hydrogène, ni la faim des guerriers portant une baguette sur la tête…La foule avide connaît ses détails de la décoration de la façade -sans peut-être en savoir le sens- et tente de s'enfoncer dans la caverne picturale : vieux couples blasés, jeunes filles aux seins amples et découverts, adolescents boutonneux, tous sont venus se ressourcer à l'inventivité permanente de Salvador, et la pluie peut se renforcer : nous l'avons enfermée dehors..!

L'oubliant pendant quatre heures de bonheur, regardant courts-métrages (l'autoportrait mou par J.C.Averty), décors (du ballet Le Labyrinthe de 1941) et le Screen Test d'Andy Wharol…

JPB.

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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